Quels symboles derrière la visite de Mohammed VI à Abidjan en amont du sommet UA-UE ?

Mohammed VI est arrivé hier à Abidjan, 72 heures avant le coup d'envoi du sommet UA-UE. Une visite qui illustre la "tradition de coordination entre les deux pays qui, plus que partenaires, sont alliés", selon un membre de la délégation marocaine.

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Mohammed VI et Alassane Ouattara Crédit: Sia KAMBOU / AFP

Accueilli hier après-midi à l’aéroport d’Abidjan par Alassane Ouattara, Mohammed VI a été le premier chef d’État à fouler le sol ivoirien en vue du 5e sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne qui se tiendra les 29 et 30 novembre.

83 chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et d’Europe sont attendus, tout comme les délégations de la Commission de l’UA, de l’UE, des organisations internationales et régionales.

Si les enjeux de la présence marocaine au sommet euro-africain sont nombreux, la séquence bilatérale qui précède l’ouverture des travaux permettra aux deux chefs d’État marocain et ivoirien d’aborder ensemble des problématiques africaines essentielles. « Ce sont des séquences différentes, mais complémentaires« , nous confie un membre de la délégation marocaine sur place. « Des points importants seront abordés. Il y a une échéance importante concernant la CEDEAO et des questions sur la région de l’Afrique centrale« , poursuit notre source.

Un geste de soutien de la Côte d’Ivoire au Maroc

Au-delà des sujets politiques et économiques, la rencontre bilatérale est également riche en symboles. « Cette visite est aussi un geste de soutien de la Côte d’Ivoire au Maroc à la veille du sommet UE-UA, car Mohammed VI est le premier chef d’État à arriver en Côte d’Ivoire. Alors que d’autres dirigeants atterriront le 29 novembre pour repartir le lendemain, la délégation marocaine est en visite de 5 jours« , souligne notre source qui rappelle que « l’action du Maroc en Afrique n’est pas liée à des échéances. C’est une relation 365 jours par an. L’engagement du Maroc en Afrique et pour l’Afrique se traduit aussi par des contacts soutenus, et non par des rencontres en quelques heures« .

Alors que la participation de la RASD au sommet avait été confirmée le 22 novembre par  la vice-présidente de la Commission européenne Federica Mogherini et le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, à l’issue de débats houleux au sein de l’organisation panafricaine, la proximité affichée entre le Maroc et la Côte d’Ivoire en amont du sommet pourrait éclipser la participation de la RASD. Un effet sûrement recherché par la diplomatie marocaine.

On ne sait pas encore si Mohammed VI compte organiser une réception des chefs d’États africains, à l’image de celle qu’il avait organisée au Sheraton à  Addis-Adeba la veille du 28e sommet de l’Union africaine en janvier 2017, qui avait entériné le retour du Royaume à l’organisation panafricaine.

Inauguration d’un point de débarquement financé par le Maroc

Pour l’heure, une réunion de travail s’est tenue ce lundi à midi entre le roi Mohammed VI et le président Ouattara au palais présidentiel à Abidjan. À l’issue de ce tête-à-tête, le souverain a inauguré un point de débarquement de pêche à Locodjro, financé à hauteur de 30 millions de dirhams par le Maroc et baptisé  « Mohammed VI » lors du dernier conseil des ministres ivoiriens.

Véritable pôle de développement socio-économique, ce nouveau point de débarquement de pêche au nord de la capitale économique ivoirienne a été réalisé sur un terrain de 1,3 hectare, avec une surface couverte de 2.100 m2. Il dispose de plusieurs ouvrages de protection maritime et d’infrastructures dédiées aux pêcheurs artisans (un bâtiment administratif, un local pour la coopérative, une antenne médicale, une salle polyvalente, une garderie pour les enfants des femmes bénéficiaires). Il permettra la création de nouveaux emplois et de micropôles de développement pour lutter contre la pauvreté, l’optimisation des performances économiques de la pêche artisanale, ainsi que l’amélioration des conditions sanitaires et hygiéniques, l’objectif étant un développement humain, durable et intégré.

Trois points de débarquement aménagés similaires sont également en cours de réalisation dans différents pays de l’Afrique de l’Ouest, dont deux à Conakry en Guinée et un à Dakar au Sénégal.

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