Les détails de la saisie record de cocaïne évaluée à 2,75 milliards de dollars

Le patron du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ) livre le modus operandi du réseau de narcotrafiquants qui détenait les 2,5 tonnes de cocaïne saisies ce mardi. Cette cargaison record était destinée à la fois à l'international et au Maroc.

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Crédit: R. Tniouni/Telquel

25,8 milliards de dirhams, soit 2,75 milliards de dollars. C’est la valeur à donner le tournis des 2,5 tonnes de cocaïne pure saisies par le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), annonce le patron du « FBI marocain », Abdelhak Khiame ce mercredi. Un record absolu pour le Maroc, et le couronnement d’une enquête policière qui a duré trois ans et demi, et qui avait commencé par la saisie de 226 kilogrammes de poudre blanche à Marrakech.

Opéré dans une ferme à Oued Cherrat (Bouznika) et à Nador, le coup de filet est une première pour les éléments du BCIJ. Le taux de concentration de la drogue est de 93%, alors que le record absolu enregistré par le passé était de 72%. Cette quantité astronomique de cocaïne allait encore augmenter en quantité pour atteindre une valeur marchande finale encore plus importante. Elle devait être encore coupée cinq ou six fois avant d’être écoulée.

Cette « quantité record » selon Abdelhak Khiame, provient d’Amérique latine. Pour l’heure, les premiers éléments de l’enquête pointent vers les cartels du Venezuela. La cargaison a été acheminée par voie maritime, réceptionnée en haute mer puis écoulée en « petites » quantités de 100 kilogrammes par le réseau local.

Le réseau avait notamment recours à des téléphones satellites pour faciliter la réception de la marchandise. Pour l’heure, les autorités ont arrêté 15 personnes, dont les deux cerveaux du réseau, des Néerlandais d’origine marocaine.

« La structure du réseau démantelé est similaire à celle des cartels », note Abdelhak Khiame. Le patron du BCIJ explique que les investigations pourraient impliquer Interpol, afin de déterminer les ramifications éventuelles dans des pays comme l’Allemagne et l’Espagne.

La drogue était à la fois destinée à l’export, mais également vendue localement dans plusieurs villes marocaines (Nador, Meknès, Fès, Cablanca, Tanger, etc.). Une nouveauté là aussi. Si le Maroc est devenu depuis quelques années un pays de transit, à cause du renforcement de la lutte antidrogue par les États-Unis, le royaume n’était pas considéré jusque-là comme un pays consommateur de drogue dure.

« Les cartels d’Amérique latine veulent profiter de la route africaine et des pays d’Afrique subsaharienne, et écoulent leur marchandise à travers des réseaux spécialisés dans la contrebande (…) il y a un changement de stratégie de ces réseaux, car cette drogue commence à être consommée et distribuée dans plusieurs villes marocaines, et c’est le danger », alerte Abdelhak Khiame.

La « position géostratégique du Maroc l’expose à toutes formes de criminalités« , note-t-il, insistant sur l’importance de la coopération. Le patron du BCIJ assure que cette coopération et l’échange d’informations entre les différents services sécuritaires sont « une des forces » du Maroc, regrettant en revanche le manque de coopération avec l’Algérie.

Une des voiture où la drogue était dissimulée. Crédit: R. Tniouni/Telquel
Une des voiture où la drogue était dissimulée. Crédit: R. Tniouni/Telquel
Crédit: R. Tniouni/Telquel
Crédit: R. Tniouni/Telquel
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