Fernando Sanz, journaliste espagnol, s'exprime sur son expulsion du Maroc

Les journalistes espagnols du site d'information Correo Diplomatico expulsés du Maroc contestent la décision prise par le ministère de la Communication. Interview avec Fernando Sanz, depuis Sebta.

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Fernando Sanz travaillant avec le même appareil photo qu'il a apporté au Maroc. Crédit : DR / Correo Diplomatico.

Expulsés du Maroc le 25 juillet sans explications, les journalistes espagnols José Luis Navazo – qui réside au Maroc depuis 17 ans – et Fernando Sanz – basé à Madrid – ont appris les raisons de leur expulsion par voie de communiqué du ministère de la Communication. Aucun des agents d’autorités qui les ont reconduits à la frontière de Sebta après leur interpellation dans la soirée n’a fourni d’explication.

Retour sur cette expulsion, condamnée par Reporter sans frontières, avec le correspondant de Madrid, Fernando Sanz, encore à Sebta le temps de récupérer ses affaires laissées en panique chez José Luis Navazo, le fondateur du site Correo Diplomatico sur lequel travaillaient les deux journalistes.

Telquel.ma: Comment avez-vous appris les raisons de votre expulsion ?

Fernando Sanz: Nous n’avons aucun contact direct avec les autorités marocaines. Lors de notre expulsion, aucun agent ne nous a expliqué pourquoi ils nous arrêtaient. Nous ne savions même pas que nous allions être expulsés. Nous avons appris les motifs par un communiqué du ministère de la Communication.

Lire aussi : Mohamed Laâraj justifie l’expulsion de deux journalistes espagnols

Mohamed Laâraj a déclaré que vous vous êtes « présentés comme touristes et non comme journalistes ». Que répondez-vous ?

Quand nous sommes entrés par la frontière de Sebta le 27 juin, les autorités marocaines nous ont demandé nos papiers. J’ai présenté ma carte de presse de la Fédération internationale des journalistes qui est reconnue par le Syndicat national de la presse marocaine. Je suis aussi membre de plusieurs associations de presse, dont Reporter sans frontières. Nous avons été transparents et nous n’avons jamais nié que nous étions journalistes.

Avec quel matériel avez-vous essayé de tourner des images, comme il vous l’est reproché par Laâraj ?

Nous utilisons un appareil photo reflex, mais nous ne prenons pas de vidéos avec ni avec notre téléphone portable. Toutes les vidéos que nous publions, notamment au sujet du Hirak, sont issues de la police nationale espagnole, des réseaux sociaux ou des activistes et de militants qui sont nos sources. Des médias marocains ont dit que j’ai filmé à Tétouan, alors que je suis allé là-bas avec mon appareil photo pour prendre des photos comme touriste.

Comment réagissez-vous face à cette expulsion ?

Nous allons continuer à travailler et à couvrir les manifestations du Rif. José Luis Navazo s’occupait des manifestations au Maroc, et j’étais en charge de la répercussion de ces manifestations en Europe. Nous avons adressé sur notre site une lettre au ministre de la Communication, Mohamed Laâraj, pour lui expliquer que les autorités se sont trompées. Nous lui demandons que cette situation soit résolue et que nos statuts légaux soient réhabilités. Principalement dans le cas de José Luis, qui habite depuis 17 ans au Maroc et qui est séparé de sa famille, de sa femme et de ses deux enfants de nationalité marocaine de façon arbitraire et injustifiée.

Avez-vous essayé de contacter d’autres membres du gouvernement ?

Nous n’avons pas contacté le Chef du gouvernement Saad Eddine El Ohtmani que José Luis Navazo avait été le premier à interviewer au moment de sa nomination et qu’il connait depuis plusieurs années. Nous ne voulons pas générer de conflit, mais nous voulons continuer à travailler. Nous sommes aussi en contact avec les différents organes diplomatiques espagnols.

Lire aussi : Pourquoi El Othmani a accordé sa première interview à Correo Diplomatico

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