L'arrestation de Zefzafi et le Hirak vus par la presse nationale

Si la grande majorité des quotidiens font leur Une sur l'arrestation de Zefzafi, nos médias sont partagés sur le Hirak que connaît Al Hoceima.

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« L’arrestation de Zefzafi va-t-elle mettre fin au Hirak du Rif?« , interroge la Une d’Akhbar Al Yaoum. Le quotidien arabophone cite le militant local Elmortada Iamrachen qui affirme que les manifestants n’ont d’autres choix que de descendre dans les rues pour faire pression et demander la libération des détenus. Iamrachen appelle les associations de défense des droits humains et les instances politiques « à intervenir pour trouver une solution à cette crise« .

L’éditorialiste et directeur d’Akhbar Al Yaoum, Taoufik Bouachrine, a consacré son édito à la situation à Al Hoceima. Il établit un parallèle entre le Hirak et le Mouvement du 20 février. Taoufik Bouachrine explique que dans les deux cas, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes. Il relève toutefois que « la différence entre le 20-février et le Hirak c’est que ce dernier revêt un caractère social, tandis que le premier était politique« .

L’éditorialiste fait aussi observer que le Hirak a un leader, contrairement au 20-février qui lui a eu un « parti, le PJD, dirigé par Benkirane, qui a tenté d’absorber l’esprit du mouvement avec pour slogan la réforme dans le cadre de la stabilité« . Bouachrine estime aussi que cette fois, « l’État fait face, seul, au Hirak, sans partis, syndicats, ni intermédiaires« . Il déplore « l’absence du gouvernement El Othmani qui observe les manifestations de rue comme s’il s’agissait d’un gouvernement étranger ». Selon lui, le Hirak est le résultat du « blocage » gouvernemental et du vide politique qu’il a engendré.

Assabah révèle quelques détails sur les circonstances d’arrestation de Nasser Zefzafi. Le quotidien explique qu’un commando a été chargé d’arrêter le leader du Hirak, qui s’était réfugié chez un ami. Zefzafi a été arrêté en compagnie de quatre autres personnes. Ils ont été transférés au siège de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Assabah affirme que l’enquête devrait porter sur les faits survenus le 26 mars dernier à Imzouren et Béni Bouayach, au cours desquels « une résidence réservée aux forces publiques et des véhicules ont été incendiés« .

Al Massae consacre également sa Une à l’affaire, et aux manifestations de soutien au Hirak organisées à Rabat, Casablanca et Tanger. Le journal assure qu’une vingtaine d’avocats ont répondu à un appel lancé par l’ancien bâtonnier Abderrahmane Benamar et le vice-président de l’AMDH, Saïd Benhmani, pour défendre les manifestants arrêtés. Al Massae consacre également un article d’analyse au Hirak. L’auteur de l’article estime que derrière les revendications sociales et économiques, la « nostalgie pour la défense de l’identité amazighe » se dresse en toile de fond. Ce débat, jusque-là cantonné au volet juridique (constitution) et philosophique, se déplace dans la rue, et a été « instrumentalisé », affirme le journal qui met en garde contre le fait de « jouer avec le feu ».

Le premier quotidien en termes de tirage, Al Akhbar, fait aussi sa Une sur le Hirak, mais y consacre un article court et factuel dans ses pages intérieures. Toujours en Une, le journal accorde plus de place à l’opinion et regrette les « pratiques violentes qui ont touché des manifestations qui étaient initialement pacifiques« . Le journal met également en garde contre « l’instrumentalisation des revendications socioéconomiques légitimes de la population qui ne différent pas de celles des habitants de toutes les régions« . Al Akhbar pointe aussi la « faiblesse des partis politiques » qui ont déserté en faveur de « personnes sans expérience dans la défense de revendications sociales« .

L’Opinion, journal officiel du parti de l’Istiqlal, consacre sa Une à l’arrestation de Nasser Zefzafi. Le quotidien estime qu' »après plus de six mois de dialogue ou de tentatives de dialogue vaines face à intransigeance des meneurs (…) les autorités jusque-là tolérantes semblent finalement opter pour la manière forte et pour l’application stricte de la loi« .

Le quotidien s’interroge par ailleurs  sur le « soutien étranger » dont bénéficieraient les manifestants. Le journal évoque notamment des « financements de Belgique, Hollande et Espagne« , évoquant les soupçons mentionnés par les autorités. Des soupçons que rejettent pour l’heure des militants sur place. En attendant les résultats de l’enquête officielle.

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