La galère des ressortissants visés par le #MuslimBan de Donald Trump

L'athlète britannique d'origine somalienne Mo Farah, le cinéaste iranien Asghar Farhadi et des centaines d'autres ressortissants craignent de se voir refuser leur entrée aux États-Unis.

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Devant l’aéroport JFK aux Etats-Unis, le 28 janvier. BRYAN R. SMITH / AFP

Les histoires se répètent et se ressemblent. Des citoyens originaires des sept pays visés par le décret anti-immigration promulgué par Donald Trump le 27 janvier ne peuvent plus traverser la frontière américaine, tout du moins pour les 90 prochains jours.

Après 48 heures de confusion, les autorités ont tenté de clarifier la situation: les ressortissants des sept pays visés et qui sont titulaires d’une « carte verte » peuvent bel et bien continuer à entrer aux États-Unis, pays où ils résident et travaillent, a annoncé le 29 janvier Reince Priebus, secrétaire général de la Maison-Blanche.

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Pourtant, cela n’a pas empêché certains ressortissants de rester bloqués plusieurs heures à la frontière. C’est le cas de Manny Dahari, un réfugié yéménite juif qui vit aux États-Unis depuis 11 ans. Il devait décoller d’Israël en direction de New York. « Ils m’ont finalement laissé passer après 3 heures et demie en détention« , explique-t-il sur Facebook.

« J’ai fui mon pays quand j’étais enfant à cause de persécutions religieuses pour demander l’asile dans un pays dont je n’aurais jamais pensé qu’il aurait tourné le dos à ceux qui ont demandé son aide« , s’indigne-t-il.

D’autres personnes ont même été renvoyées dans leur pays d’origine. Shaun King, journaliste américain, et activiste des droits de l’homme, s’insurge sur Twitter contre l’arrestation et le renvoi d’un Iranien dans son pays. Des interpellations qui sont bien plus nombreuses que ce qu’affirment les autorités selon un autre journaliste américain.

Au total, « 109 personnes » ont été détenues le 28 janvier à leur descente d’avion, selon Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche. Dans le reste du monde, environ 200 autres personnes ont été empêchées d’embarquer vers les États-Unis, selon Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump.

Dès le soir de la promulgation du décret, deux Irakiens, bien que détenteurs de visas, ont notamment été interpellés à l’aéroport JF Kennedy de New York. Le début d’une série d’interpellations. En Europe, des dizaines de personnes étaient bloquées aux Pays-Bas, en Suisse en France, au Liban, en Égypte ou encore en Grande-Bretagne. Le 28 janvier par exemple, trois Iraniens ont été interdits d’embarquer pour les États-Unis à l’aéroport de Vienne (Autriche). Ils avaient pourtant dûment obtenu leurs visas, selon un porte-parole d’Austrian Airlines à l’AFP.

Shaun King conseille alors aux personnes concernées de rediriger leurs vols vers Boston. « C’est actuellement la seule ville qui est fiable et qui apporte la garantie de ne pas détenir ou déporter quiconque sur la base du décret« , écrit-il sur Facebook.shaun king

Une crainte qui se propage

Des personnalités s’inquiètent alors de ne plus pouvoir se déplacer. Le cinéaste iranien Asghar Farhadi, nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger pour son film « Le client », a annoncé le 29 janvier qu’il ne se rendrait pas à la cérémonie de remise des prix. « Il semble maintenant que la possibilité même de ma présence soit soumise à des « si » et des « mais » et ce n’est pas acceptable pour moi, même si l’on venait à faire exception pour mon voyage« , a-t-il déclaré.

Mo Farah, célèbre athlète britannique originaire de la Somalie, fulmine sur Facebook: « le 1er janvier, Sa Majesté la reine [d’Angleterre] a fait de moi un Chevalier du Royaume. Le 27 janvier, le président Donald Trump a fait de moi un étranger« . Alors qu’il s’entraîne actuellement en Éthiopie, le quadruple champion olympique craint de ne pas pouvoir retourner dans l’Oregon où il habite avec sa femme et ses quatre enfants.

De son côté, Nadhim Zahawi, député britannique né à Bagdad, craint de ne pas pouvoir aller voir ses enfants qui étudient à la célèbre université américaine de Princeton. Entre temps, le Royaume-Uni a précisé les conditions qu’il accepte dans l’application du décret américain sur le site du gouvernement britannique.

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