Theresa May s'installe au 10, Downing Street

Theresa May devient mercredi 13 juillet la deuxième Première ministre de l'histoire du Royaume-Uni.

Par

Theresa May. Crédit: AFP

Theresa May aura besoin de toute la pugnacité qu’on lui prête pour mener à bien une tâche colossale: mettre en oeuvre un Brexit qui aura conduit David Cameron à sa perte.

La ministre de l’Intérieur du gouvernement conservateur sortant, âgée de 59 ans, va prendre possession du 10 Downing Street moins de trois semaines après le vote des Britanniques pour sortir de l’Union européenne.

David Cameron, de dix ans son cadet, présentera sa démission en fin d’après-midi à la reine Elizabeth II après une dernière séance de questions devant le Parlement de Westminster à 11H00 GMT.

Mme May se rendra ensuite à son tour auprès de la souveraine et se verra confier le soin de former le nouveau gouvernement que la presse britannique voit déjà beaucoup plus féminin que le précédent, et assorti d’un ministre tout spécialement chargé du Brexit.

Elle deviendra alors la deuxième femme à prendre les rênes d’un exécutif britannique après Margaret Thatcher (1979-1990), à qui certains la comparent parfois.

Réputée pour sa détermination, sa force de travail mais aussi une certaine froideur, Theresa May, une fille de pasteur, hérite d’un Royaume-Uni que le référendum a laissé sens dessus dessous.

« Elle prend ses fonctions à un moment qui aurait posé des problèmes même à Churchill », note le quotidien The Guardian pour souligner l’ampleur de la tâche qui l’attend, entre turbulences économiques et pression des dirigeants de l’UE pour que le Royaume-Uni engage au plus vite la procédure de divorce.

« Brexit signifie Brexit et nous en ferons un succès », a assuré Mme May lundi, ne laissant guère d’espoirs à ceux qui rêvent de voir leur pays rester malgré tout dans le giron européen.

Cette eurosceptique, qui avait rejoint le camp du maintien dans l’UE pendant la campagne référendaire, avait auparavant prévenu qu’elle ne comptait pas activer l’article 50 du Traité de Lisbonne -qui lance le processus de sortie de l’UE- avant la fin de l’année.

Impatients de voir l’exécutif britannique clarifier ses intentions, les dirigeants européens n’ont pas attendu sa prise de fonctions pour présenter leurs doléances.

« Plus tôt commenceront les négociations, mieux ce sera pour tout le monde », a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault.

Pour les habitants de son fief de Maidenhead (ouest de Londres), elle est en tout cas la personne idoine pour mener cette délicate entreprise. « Elle est très déterminée et va tout faire pour obtenir le meilleur accord pour notre pays », a déclaré à l’AFP Maxine Lattimer, femme au foyer.

Les premiers jours de la nouvelle Première ministre, désignée après l’abandon surprise, lundi, de sa concurrente Andrea Leadsom, devraient également être scrutés de près par les marchés, en quête de certitudes après le choc du référendum.

« La livre s’est reprise de plus de 4% par rapport à ses plus bas en 31 ans« , atteints la semaine dernière, « alors que les marchés célébraient le fait que Theresa May va devenir le nouveau Premier ministre« , commentait Hussein Sayed, analyste chez FXTM.

Pour David Cameron, qui avait prôné le maintien dans l’UE, c’est une nouvelle vie qui commence, avec comme ombre un référendum qu’il a lui-même lancé mais dont le résultat a été l’inverse de celui qu’il souhaitait.

Le dirigeant conservateur a remporté deux élections législatives (2010 et 2015), survécu au référendum d’indépendance de l’Ecosse… mais restera pour l’Histoire le Premier ministre du Brexit.

La presse britannique estimait qu’il devrait probablement utiliser la séance de questions au Parlement pour vanter son action, entre réussites économiques -au prix d’un accroissement des inégalités selon ses détracteurs- et sociétales, avec la légalisation du mariage homosexuel.

« Au moment où je pars, j’espère que tout un chacun verra un pays plus fort », a-t-il déclaré au quotidien Telegraph de mercredi.

Alors que le pays se dote d’un nouveau leader, l’opposition travailliste reste secouée par une profonde crise de leadership, énième répercussion du référendum.

Visé par une fronde de ses parlementaires, le chef du parti Jeremy Corbyn a remporté mardi soir une victoire cruciale contre ses opposants après la décision du comité exécutif du parti de l’autoriser à se présenter lors de nouvelles élections pour la direction du Labour.

Mais cela « ne résoudra pas les problèmes du Labour« , estime le tabloïd de gauche Daily Mirror: « Le poison dans les veines du Labour est si toxique que personne ne peut voir une issue harmonieuse ».

Triomphalement élu en septembre par les militants, M. Corbyn n’a jamais réussi à s’imposer auprès de la majorité des cadres du parti, qui le jugent trop à gauche et incapable de remporter des législatives.

Lundi, la députée Angela Eagle a officiellement annoncé qu’elle se présenterait contre lui pour lui succéder, et un autre parlementaire, Owen Smith, s’est ajouté mercredi à la liste des concurrents.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer