L'Administration pénitentiaire rompt ses contacts avec l'AMDH

La DGAPR a réagi au rapport établi par l’AMDH sur le volet des prisons et a décidé de rompre ses contacts avec l'Association.

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La prison de Ain Sebaa. Crédit: Yassine Toumi/TELQUEL

Après la lecture du rapport 2015 de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) sur l’état des prisons au royaume, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a décidé de rompre ses contacts avec ladite association, rapporte un communiqué relayé par MAP le lundi 25 avril.

Selon la DGAPR, le rapport établi par l’AMDH, au titre de 2015, contient «de nombreuses allégations et des assertions erronées, qui n’ont rien à voir avec l’action juridique sérieuse et responsable.» À titre d’exemple, la délégation dément les chiffres de décès évoqués par l’AMDH dans son rapport, et qui font état de 120 cas de décès, dont 19 pour des raisons «ambiguës». La DGAPR répond que 80% des cas «concernent des personnes qui souffraient, de leur vivant, de maladies chroniques et incurables, et qui ont toutes bénéficié d’un suivi médical, tant au sein de l’établissement pénitentiaire qu’au sein des hôpitaux publics.» Et d’insister sur le fait qu’«aucun cas de décès n’a été enregistré pour cause de torture ou de négligence médicale en 2015.»

La délégation pénitentiaire explique, en revanche, que 66% des cas de décès recensés au niveau des différents établissements concernent des personnes condamnées à des peines inférieures à 18 mois, et que ces dernières sont survenus prématurément. «Ce qui dénote que ces décès n’ont rien à voir avec les conditions d’incarcération, mais sont liés plutôt à des maladies antérieures à l’admission des victimes», explique la DGAPR.

Revenant sur le phénomène de surpopulation carcérale, la DGAPR se dit «consciente» du problème et de ses répercussions sur les conditions d’emprisonnement, mais affirme toutefois que le nombre des établissements concernés par ce phénomène reste «limité». L’institution a également exprimé son souci de préserver la relation de proximité entre les détenus et leurs proches, prenant en considération la nécessité de les maintenir à la disposition des juridictions compétentes.

Déterminée à combattre toutes formes de mauvais traitement ou de pratiques illégales, la DGAPR conclut son communiqué en insistant sur les «allégations mensongères» de l’AMDH, qui considérait également que la nourriture servie aux détenus reste «faible sur les plans quantitatif et qualitatif», et affirme avoir confié cette prestation à des sociétés spécialisées dans le domaine de la restauration collective.

«Cette association, qui prétend défendre les droits de l’Homme, opère d’une manière sélective en ce qui concerne les prisons, en prenant la défense de certains cas particuliers, comme si le reste des pensionnaires des établissements pénitentiaires ne répondaient pas aux critères requérant son intervention», explique encore la DGAPR.

Contactée, l’AMDH, par la voix de son président Ahmed El Haïj, fraîchement réélu le 22 avril dernier, nous confie regretter la décision de la délégation et affirme que les propos évoquées par cette dernière ne sont pas fondées :«La délégation n’a pas lu notre rapport correctement, et les arguments avancées ne sont pas fiables. J’invite la délégation à prendre le temps de le lire pour qu’elle revoie sa décision subite.»

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