Qui est Stefan Löfven, le premier ministre suédois ?

Un homme d'honneur authentique et fiable pour ses soutiens, mais un syndicaliste peu charismatique et manquant d'expérience pour ses détracteurs. Qui est le Premier ministre suédois Stefan Löfven?

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Au moment où des responsables politiques marocains souhaitent se rendre en Suède, pour tenter d’empêcher le pays scandinave de reconnaître le Polisario, les projecteurs se braquent sur le Premier ministre suédois, Stefan Löfven. Quel est son parcours ? Quid de sa politique étrangère et de ses relations diplomatiques ? Éléments de réponse.

Qualifié par la presse suédoise d’homme d’expérience, mais dirigeant politique novice, au moment de sa nomination à la tête du gouvernement suédois en octobre 2014, Stefan Löfven fut encore, il y a quelque temps, le dirigeant du syndicat des métallurgistes IF Metall.  Ce n’est qu’en janvier 2012 que le Parti social-démocrate suédois lui propose sa présidence. Deux ans et demi plus tard, il devient donc Premier ministre, en dépit d’une expérience politique nationale plutôt faible, et une politique internationale inexistante. Il est depuis sous le feu des projecteurs du monde entier. Depuis son accession au pouvoir, Löfven souffre d’une image : il s’agit du Premier ministre suédois le plus mal élu de l’histoire du pays scandinave. Avec 31,2% des voix, son parti détrônait la coalition de centre droit sortante, mais faisait à peine mieux que lors de la défaite de 2010 (30,7%), qualifiée, à l’époque de «désastre» par la presse suédoise. «La victoire est devenue une défaite», titrait d’ailleurs le journal Dagens Nyheter.

« Un manque de charisme »

«Il n’est pas particulièrement charismatique et il n’a pas le sens de la répartie. C’est en partie à cause d’un manque de pratique et en partie à cause de sa personnalité. Mais je crois qu’il irradie de ce que les gens appellent ‘l’authenticité’. Il est considéré comme un homme d’honneur et fiable, cela peut susciter de la sympathie chez les électeurs qui réclament moins de jeux politiciens» analysait à l’époque Ulf Bjereld, professeur de science politique à l’université de Göteborg, dans des propos relayés par l’AFP.

Après sa naissance à Stockholm, sa mère, célibataire, n’a pas eu les moyens de s’en occuper et il a grandi dans une famille d’accueil dans le nord du pays, où son père était lui aussi ouvrier. L’homme confiera au quotidien Expressen avoir «reçu une bonne éducation là-bas.»

«Ses partisans font valoir qu’il est l’un des rares responsables suédois à avoir occupé un « vrai emploi », ayant travaillé pendant 16 ans dans une usine d’armement. De cette période de sa vie, il a gardé l’habitude de se lever à 05h00 tous les matins, arrivant désormais le premier au bureau.» rapportait l’AFP dans une longue description, publiée à quelques heures de sa nomination à la tête du gouvernement.

Löfven avait mené son parti à la victoire lors des élections législatives de 2014 avec la promesse du changement, après huit ans de politique du centre droit suédois. Ancien syndicaliste dans l’âme, beaucoup voyaient en cet «ancien soudeur, un dirigeant plus en phase avec « la vraie Suède », loin des beaux quartiers de Stockholm.» «J’ai d’autres expériences utiles, après avoir travaillé dans l’industrie et dirigé un grand syndicat» se défendait-il d’ailleurs à la veille des élections, en réponse à ceux qui mettaient en avant son manque d’expérience.

Le précédant de l’Arabie Saoudite

Un manque d’expérience, voilà ce qui est reproché régulièrement au Premier ministre suédois. Löfven souffrirait-il d’un manque de connaissances et d’un entourage incompétent en matière de politique étrangère ? Avant la crise avec le Maroc, il y a eu un antécédent impliquant un autre pays arabe.

Le 11 mars 2015, le gouvernement suédois avait annoncé l’annulation du contrat de coopération militaire avec l’Arabie Saoudite. Une décision qui faisait écho à des semaines de tergiversations de Stefan Löfven, qui cherchait à tout prix à sécuriser des emplois dans le secteur de l’industrie. Il faisait face à la coalition des Verts écologistes suédois qui ne voulaient plus d’un partenariat avec un pays qu’ils qualifiaient de « dictature ». «La crise du contrat avec l’Arabie Saoudite est la plus grosse que le gouvernement social-démocrate/Verts ait traversée à ce jour», commentait ainsi le quotidien Dagens Nyheter Et de rajouter : «Stefan Löfven n’a visiblement pas maîtrisé le cours des événements. D’abord, il n’a pas été capable de répondre au Parlement qui demandait si l’Arabie Saoudite était ou non une dictature. Puis le ministre de la Vie économique s’est rendu en Arabie Saoudite pour les obsèques du roi et a déclaré que ce pays serait central pour les exportations suédoises à l’avenir.»

Récemment, la volonté de certains responsables politiques marocains de partir en Suède, pour empêcher la reconnaissance du Polisario, interroge une fois de plus la gestion des dossiers diplomatique par ce gouvernement. Dans des propos relayés par MAP, le journaliste suédois Bengt Nilsson souligne que pour obtenir la reconnaissance diplomatique, un pays doit réunir plusieurs critères, à savoir : avoir un territoire défini, une population permanente et un gouvernement qui contrôle le territoire. Ce qui n’est pas le cas concernant le Polisario, d’après la même source. Le journaliste conclut que «sur le Maroc et le Sahara, la Suède témoigne d’une immaturité politique et d’une mauvaise connaissance des réalités politiques». Les autorités suédoises assurent de leur côté qu’aucune décision n’a été prise jusque-là, et que le dossier est toujours à l’étude.

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