Colère royale: 5 millions de dirhams dépensés pour un projet «en réévaluation»

Cinq millions de dirhams ont été dépensés pour un centre censé accueillir des marchands ambulants de Rabat, mais en « réévaluation » suite à une colère royale.

Par

Mohammed VI, Moulay Hafid Elalamy et Mohamed Hassad

Le 25 mars dernier, le roi Mohammed VI devait présider au quartier de Youssoufia à Rabat le lancement du plan national pour la réhabilitation du commerce à l’étalage en même temps que le lancement des travaux d’un centre destiné à abriter 804 commerces de marchands ambulants. La cérémonie a été annulée, le jour même, le souverain ayant jugé le projet « insuffisant ». Certains médias avaient même fait état d’une « colère royale » contre les ministres de l’Intérieur, Mohamed Hassad, et celui de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy.

Très cher architecte

La colère du roi concernerait aussi, au-delà du programme de restructuration et d’aide pour le commerce ambulant, le projet de centre destiné à accueillir les marchands ambulants, indique le quotidien arabophone Al Massae, qui affirme détenir des documents sur ces projets. Selon le quotidien, les responsables du projet ont confié la réalisation des plans du centre (une structure de trois étages sur une superficie de 7 000 m2) à un architecte dont les honoraires sont estimés à 3,58 millions de dirhams.

Le contrat-type de l’ordre national des architectes prévoit un « taux d’honoraires minimum applicable de 5% [du montant des travaux, ndlr]. Toutefois ce taux pourra être ramené à 4,5% dans le cas de répétitivité d’éléments du projet et/ou dans le cas où le maître d’ouvrage est l’entrepreneur de construction du projet concerné ». Or, le budget total du projet est de 70 millions de dirhams, selon Al Massae, ce qui signifie que l’architecte a déjà reçu 5,11% du budget destiné au projet. Et ce avant même le commencement des travaux, alors que les honoraires de l’architecte doivent normalement lui être remis de manière progressive jusqu’à leur achèvement.

En outre, le quotidien remarque qu’aucun appel d’offre n’a été lancé pour ce marché, et que le Conseil de la ville de Rabat dispose de 80 ingénieurs parmi lesquels huit architectes « hautement qualifiés » qui auraient pu travailler sur le projet.

1,5 million de dirhams de frais supplémentaires

Enfin, en plus des honoraires de l’architecte qui a conçu les plans, d’autres dépenses ont été effectuées. Ainsi, les études de faisabilité réalisées pour la construction du centre ont coûté 900 000 dirhams au contribuable, tandis que 600 000 dirhams ont été reversés à la commission de contrôle chargée du projet, révèle Al Massae. Le projet serait en cours de « réévaluation » suite à la colère royale, indique une source à la mairie de Rabat.

Une étude, réalisée en 2011 par le ministère du Commerce,  avait recensé 276 000 commerçants ambulants subvenant aux besoins de 1,38 million de personnes, et générant un chiffre d’affaires de 45 milliards de dirhams. Suite à cette étude, un projet de réforme avait été lancé, qui devait introduire une nouvelle approche : plutôt que d’éradiquer le commerce ambulant, il s’agissait de le structurer.

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  • n’importe quoi, pour précision:
    – les architectes et ingénieurs du public ne peuvent pas concevoir le projet,cela est interdit par la loi;
    – L’histoire que l’architecte reçoit les honorairesa vant de commencer les trvx c’est la science fiction.
    Almassae c’est des menteurs il s’assurer avant de croire à des infos pareil des gents du domaine,
    3ib o3ar

  • Si le chiffre d’affaires des marchands ambulants est de 45 milliards ,je comprends pourquoi la lutte contre le commerce à l’étalage a autant de mal à réussir.Les »autorités locales »doivent surement faciliter ce business qui « vampirise »le commerce patenté,lequel pour se défendre fraude à son tour le fisc, »recèle »les produits importés par des circuits parallèles,sans droits de douane,de tva,de timbre fiscal,etc.A ce rythme,les 70 millions de dirhams du projet et la »gratification »de l’architecte deviennent anecdotiques.On doit être en manque à gagner fiscal dans les 10 milliards de dirhams.Par sûr d’ailleurs que les « amabulants »installés dans des boutiques y restent,ils vont revendre le »saroute »et retourner à la table,ou à la faracha.