Les mesures phares qui doivent relancer la formation continue des salariés

La formation continue en cours d'emploi, trop peu utilisée jusqu'à présent, voit son nouveau régime entrer en vigueur. Quels sont les nouveautés du côté de l'OFPPT ?

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Miriem Bensalah et Abdelaâdim Guerrouj
Miriem Bensalah et Abdelaâdim Guerrouj lors de la présentation du nouveau dispositif. Crédit : Yassine Toumi.

Le dispositif de formation continue pour les salariés est trop peu utilisé par les entreprises, en particulier les petites. En juin 2014, de nouvelles mesures dans le régime des formations encadrées par l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) ont été décidées après des négociations entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le ministère de l’Éducation nationale et les partenaires sociaux pour encourager l’utilisation de la formation continue.

Mais le nouveau dispositif n’est opérationnel que depuis quelques jours. Le 23 février, Abdelaâdim Guerrouj, le ministre délégué chargé de la Formation professionnelle, a dévoilé le contenu de cette réforme.

Des formations gratuites

Parmi les objectifs : la simplification. Certaines étapes de la procédure ont donc été supprimées, tels les contrôles a priori auprès des entreprises. « L’entreprise devait redonner les mêmes informations chaque année (adresse du siège, etc.). Maintenant, le dossier reste valable tout le temps », explique Mohamed Slassi, président de la commission Formation professionnelle de la CGEM. Aussi, une plateforme a été mise sur pied, qui dématérialise tous les échanges entre les entreprises et les unités qui assurent les formations.

Autre intérêt de la réforme : l’attractivité de la formation continue pour les employeurs. Maintenant, par un système de tiers-payant, les entreprises n’ont plus qu’à payer la quote-part qui reste à leur charge, soit 30 % du coût de la formation (auparavant, ils devaient tout avancer). Autre dispositif : la possibilité pour plusieurs sociétés du même secteur de se regrouper pour profiter d’une formation, dans ce cas-là remboursée à 100 %. Des mesures qui permettent de « soulager la trésorerie des TPME », a souligné le ministre.

En ce qui concerne le financement, cette réforme crée aussi un fonds spécial pour la formation en cours d’emploi, financé par les 30 % de la taxe de formation professionnelle.

Une nécessité pour la compétitivité

La formation continue en cours d’emploi s’appuie des Groupements interprofessionnels d’aide au conseil (GIAC), regroupant les professionnels d’un secteur. Il en existe une dizaine aujourd’hui (chimie, textile, hôtellerie, etc.). Ils sont chargés de sensibiliser les entreprises à la formation de leurs salariés, et les aider à trouver une stratégie de formation. Les entreprises signent ensuite un contrat avec l’OFPPT : le Contrat spécial de formation (CSF). La formation est ensuite assurée par l’entreprise elle-même ou par des entreprises de conseil spécialisées.

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« Dans le cadre de la règlementation actuelle, seuls 130 000 salariés, soit 7 % de ceux déclarés à la CNSS, bénéficient de la formation continue, et seulement 1,2 % des entreprises déclarées à la CNSS en profitent », regrette Abdelaâdim Guerrouj.

Le délégué général de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) Larbi Bencheikh parle d’un « dénouement tant attendu » allant jusqu’à certifier que « jusqu’à présent, la formation continue ne bénéficiait pas à ceux qui en avaient le plus besoin ». Or, la formation continue est un levier pour la compétitivité de l’entreprise, n’ont eu de cesse de marteler le ministre et la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah.

Cette réforme n’est d’ailleurs qu’une étape, a précisé le ministre, qui a annoncé qu’un projet de loi était déjà dans le circuit pour donner encore « une autre perspective » à la formation continue, en évoquant notamment l’instauration d’un droit à la formation. Sans donner plus de détail, on peut imaginer que bientôt, les entreprises seront contraintes d’offrir des formations à leurs salariés.

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