L’hebdomadaire marocain arabophone Al Watan Al An a fait pour sa une, sortie en kiosque le 28 janvier 2015, le choix de choquer. Titrant « Les Français vont-ils faire renaître les camps de concentration d’Hitler pour exterminer les musulmans ? », le journal publie une photo du président français François Hollande muni d’une moustache hitlérienne et de la tenue du dictateur nazi, agrémentée d’un brassard avec une croix gammée.
Contacté par Telquel.ma, Abderrahim Ariri, directeur de la publication d’Al Watan Al An, assure que « c’est très peu à l’encontre du président français, il mérite pire ». Car le journaliste estime que « le gouvernement français n’assure pas la sécurité des citoyens musulmans en France, comme c’est le cas pour la communauté juive ». Et d’ajouter : « Plusieurs lieux de culte musulmans sont attaqués quotidiennement sans que cela n’alerte les autorités françaises ».
Rappelons qu’après les attentats contre la rédaction de l’hebdomadaire Charlie Hebdo et contre une supérette casher à Paris les 7 et 8 janvier dernier, 128 actes islamophobes ont été recensés en France en moins de deux semaines, soit presque autant en deux semaines que sur toute l’année 2014, par l’Observatoire national contre l’islamophobie.
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Pour Abderrahim Ariri, « la gauche comme la droite française sont partis dans une compétition à qui va causer le plus de tort à la communauté musulmane après ces attentats ». Le directeur de publication d’Al Watan Al An va jusqu’à dire que « la France prépare le pays à priver les musulmans de leurs droits, logements et emplois, si ça continue comme ça ».
Un article qui tombe sous le coup du Code de la presse
La une d’Al Watan Al An est parue le 28 janvier, soit le lendemain de la célébration du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp d’extermination nazi situé en Pologne, où plus d’1 million de personnes a perdu la vie, dont 90 % étaient de confession juive, entre 1940 et 1945.
Cette une pourrait potentiellement coûter cher à l’hebdomadaire, l’article 52 du Code de la presse stipulant que « l’offense commise publiquement envers la personne des chefs d’État et leur dignité, les chefs de gouvernement, les ministres des Affaires étrangères des pays étrangers sera punie d’un emprisonnement d’un mois à un an et d’une amende de 10 000 à 100 000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement ».
L’ignorance fait des ravages en France comme ailleurs… Cette « une » n’est qu’une caricature d’un président;
si sa forme est en contradiction avec la loi , le fond reste une caricature… de journalisme.