Maroc Telecom / ANRT: pourquoi ça coince?

Encore une fois, l’Agence de régulation des télécoms a ordonné à l’opérateur Maroc Telecom de revoir ses offres techniques et tarifaires de dégroupage de la boucle locale. Pourquoi ça bloque ?

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La tour Maroc Telecom à Rabat. Crédit: Jean-Paul Viguier et Associés

Si, pour l’Agence nationale de règlementation des télécoms (ANRT), Maroc Telecom a enfin fait une « proposition raisonnable » pour le partage de ses infrastructures avec les autres opérateurs de téléphonie, il n’est pas pour autant épargné par l’agence de régulation des télécoms. Dans une décision rendue publique, mardi 13 janvier, elle demande à l’opérateur historique de revoir les modalités techniques et tarifaires de dégroupage de la boucle et de la sous-boucle locale.

L’Agence de régulation des télécoms exige que « les tarifs d’accès à la sous boucle locale soient revus à la baisse » à l’instar des pratiques internationales en Europe ou en Tunisie. « Le coût de la sous boucle doit, de ce fait, être inférieur au coût de la boucle locale qui actuellement de 73 dirhams hors taxe », explique l’ANRT.

De même, pour l’Agence de régulation des télécoms, « de nombreuses conditions doivent être modifiées », notamment concernant l’accès, la fourniture d’informations, les modems et la gestion des commandes. Aussi selon l’ANRT, l’offre en fibre optique (LFO) proposée par l’opérateur historique « ne répond pas objectivement et efficacement aux besoins d’un opérateur tiers réalisant le dégroupage ».

Le dégroupage de la boucle locale, qu’est-ce que c’est ?

Selon l’ANRT, le dégroupage de la boucle ou sous-boucle locale correspond à un processus qui permet aux opérateurs concurrents (Méditel et Inwi principalement) « d’accéder aux lignes téléphoniques en cuivre de l’opérateur détenant une boucle locale (Maroc Telecom) », en louant auprès de ce dernier, tout ou partie d’une ligne téléphonique et proposer ainsi ses propres services à ses clients.

Autrement dit, « avec le dégroupage, le client aura le choix de souscrire à n’importe quel opérateur pour son service ADSL ou sou de téléphonie fixe via une ligne téléphonique de Maroc Telecom», explique à Telquel.ma Sami Idahmed, ancien ingénieur télécom à Maroc Telecom, travaillant aujourd’hui pour Belgacom, opérateur belge.

Pourquoi ça coince ?

Selon une source proche du dossier contactée par Telquel, même s’il y a des négociations actuellement entre l’ANRT et Maroc Telecom sur cette question de dégroupage, les autres opérateurs négocient également en parallèle avec l’opérateur historique. Pour notre source, le problème ne concerne pas uniquement le prix :

La pierre d’achoppement, c’est le délai d’exécution et de mise en œuvre des décisions proposé par Maroc Telecom dans son offre à l’ANRT. L’opérateur a prévu des délais allant de 30 à 45 jours pour l’examen des demandes qui seront faites par Méditel et Inwi. Entre les va-et-vient, l’application d’une décision peut prendre jusqu’à 4 mois. La réduction de ce délai sera donc le grand débat entre Maroc Telecom, l’ANRT et les autres opérateurs.

Une nouvelle offre de Maroc Télécom attendue le 20 janvier

Toujours selon ce dernier, la réticence de Maroc Telecom s’explique : « Certes, Maroc Telecom gagne en louant ses infrastructures mais il gagne plus en gardant le monopole dans ce secteur. Donc la société voudra gagner du temps dans l’exécution des demandes venant des nouveaux opérateurs, le temps de maintenir un peu plus son monopole », détaille-t-il.

A noter que Maroc Telecom est tenu de transmettre, au plus tard le 20 janvier 2015  une nouvelle offre de dégroupage de la boucle locale et sous boucle locale à l’ANRT en tenant compte des amendements  introduits par cette dernière.

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