Migrants: coup d'accélérateur pour la campagne de régularisation

Après des débuts plus que laborieux, les autorités ont mis les bouchées doubles afin de faire avancer la campagne de régularisation des migrants irréguliers qui doit s’achever en décembre prochain.

Par

Des immigrés attendent de pouvoir déposer leurs dossiers dans un des centres de régularisation ouverts pour la campagne.
Crédit. MAP

Les chiffres sont parlants. Au début du mois de novembre, 21 000 demandes de régularisation avaient été déposées par des migrants sans papiers au Maroc, et 8 949 d’entre elles avaient reçu un avis favorable, les autres étant encore en cours de traitement. Enfin, plus de 4 400 cartes ont été effectivement délivrées.

Les autorités ont donc mis un coup d’accélérateur ces 4 derniers mois, ce que confirme Hicham Rachidi, secrétaire général du Gadem (Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants) à Telquel.ma. Car en juin dernier, la société civile, et notamment le Gadem, avait tiré la sonnette d’alarme, alors que sur 15 500 demandes, seules 7, 4 % avaient reçu un avis favorable.

« La campagne s’annonçait comme un échec »

Et la campagne lancée par le roi à la suite d’un rapport du Conseil national des droits de l’homme (CNDH) en septembre 2013, qui a officiellement débuté le 1er janvier 2014 « s’annonçait alors comme un échec », commente ainsi Mehdi Alioua, président du Gadem.

Mais, contrairement à ce que pensaient certains militants en juin, « ce qui était en cause, ce n’était pas le manque de volonté de l’État, qui tient clairement à ce que cette opération soit un succès puisque son intérêt est aussi – et surtout de donner une bonne image du Maroc en matière de respect des droits de l’Homme et des migrants », explique Mehdi Alioua.

Pour le militant associatif, ce sont plutôt des problèmes concrets d’application qui ont mis des bâtons dans les roues de la campagne : des fonctionnaires intermédiaires peu ou mal informés, des couacs et – parfois – de la mauvaise volonté chez les fonctionnaires chargés de recueillir les dossiers, qui demandaient trop de papiers, des justificatifs impossibles à fournir, etc.

Le moteur : la crainte de l’échec

Plus généralement,  l’administration « s’entêtait à traiter les dossiers au cas par cas. Vous pensez que l’Espagne, quand elle a régularisé 800 000 personnes en 2005, a traité chaque dossier un par un ? », demande Mehdi Alioua.

Mais en juin, « la crainte de l’échec a amené un coup d’accélérateur » et la création d’une Commission nationale de suivi et de recours, présidée par le CNDH, et qui a réuni représentants de la société civile et des ministères de l’Intérieur, des MRE, des Affaires étrangères. Preuve de l’implication du gouvernement, les ministres en personne se sont déplacés pour assister aux réunions de cette dernière, « un bel exemple de dialogue entre la société civile et l’État », juge Mehdi Alioua, qui, en tant que président du Gadem, a siégé dans la Commission.

Et les recommandations de le Commission ont été respectées, notamment celle de cibler des catégories, comme les femmes, « parce que plus vulnérables », mais aussi leurs enfants, et les familles en général.

De la même manière, des catégories « sensibles, comme certaines « nationalités à risque » ont été identifiées », explique Mehdi Alioua : sans être refusés systématiquement, les dossiers des personnes de ces catégories doivent cependant être examinés au cas par cas.

Trois quart des demandes acceptées ?

Même si du retard a été pris dans la régularisation de certaines catégories, notamment les hommes qui possèdent un travail et les hommes mariés à des Marocaines, le militant est confiant :

A la fin de la campagne, les trois quarts des demandes auront eu une réponse favorable.

Si le rythme des dépôts de dossiers se maintient, ce seront moins de 25 000 demandes de régularisation qui seront déposées, alors qu’on évaluait au début de l’opération le nombre de migrants sans papiers au Maroc à 30 000 à 40 000, dont le tiers est européen.

Hicham Rachidi, « heureux d’annoncer de bonnes nouvelles pour une fois », salue le travail du CNDH, et en particulier celui de ses Conseil régionaux, « qui ont fait un excellent travail de remontées d’informations, même quand ces dernières étaient négatives ».

Cependant, nuancent les deux militants, il ne faut pas que cette opération soit ponctuelle. « Il faut penser déjà penser à l’année prochaine », conclut Hicham Rachidi.

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer