Solaire : le projet marocain difficilement viable financièrement

La Banque mondiale et la Banque africaine de développement analysent les principaux obstacles à la réalisation de la deuxième phase du plan solaire marocain.

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Mustapha Bakkoury et Mohammed VI au lancement du chantier de Nour I. Crédit : AFP

Le Maroc ambitionne de produire 2 000 mégawatts d’énergie à l’horizon 2020 grâce aux énergies vertes comme le solaire, l’hydraulique ou l’éolien. Une ambition dont la deuxième phase du programme intégré d’énergie solaire fait partie intégrante. Ce projet est le sujet d’un rapport de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Un document ou les deux institutions présentent les défis auxquels doit faire face le royaume, à savoir : le coût des centrales et l’impossibilité d’exporter de l’énergie créées par celles-ci à court et moyen terme.

Des centrales coûteuses 

Le coût des technologies solaires constitue l’un des principaux handicaps. Celles-ci sont, pour le moment, plus chères que les technologies dites traditionnelles. Ainsi, les deux organismes indiquent que, le Maroc « aura besoin de soutien afin de réduire l’ensemble des coûts du projet (la phase II du projet solaire marocain, ndlr) ou augmenter son revenu ». Une nécessité qui s’impose jusqu’à la réduction du prix des technologies solaires selon les experts des deux institutions.
Les évolutions techniques des centrales Nour II et III réduisent les dépenses liées de fonctionnements de celles-ci. Mais les économies engendrées ne suffiront pas « à compenser le coût croissant des centrales », selon les deux agences qui recommandent la mise en place «  de mécanismes de soutiens ». Ces derniers devraient, néanmoins, être insuffisants au vu du coût des projets Nour II et III ainsi que leurs capacités totales.
La compétition entre les différents candidats aux appels d’offre permettra, toutefois, de réduire au maximum le prix des projets de développement. Les experts des deux organismes indiquent également que le prêt préférentiel de 238 millions de dollars accordé par le Clean Technology Fund permettra de couvrir une partie des coûts de construction.

L’Europe n’est pas prête à importer l’énergie solaire marocaine

Autre défi de taille pour le Maroc, l’impossibilité d’exporter vers l’Europe. Selon les deux institutions, le marché commun n’est « pas encore capable d’absorber des importations d’énergies renouvelables provenant de l’extérieur de l’Union européenne ».

L’absence d’exportation signifie que le Maroc doit souscrire « à un nombre plus important de prêts à conditions préférentielles afin de rendre le projet financièrement et économiquement viable tout en évitant de handicaper le budget de l’État ». La fusion de la subvention de 238 millions de dollars allouée par le Clean Technology Fund avec les emprunts et subventions accordées par les deux organisations susmentionnées constitue une autre solution.

Vers une élimination des subventions ?

La production d’énergie pourra également permettre d’engendrer des bénéfices à long terme selon la BM et la BAD. A court terme, la production d’énergie permettra d’éliminer les subventions accordées par le gouvernement pour les énergies fossiles.  A noter que le projet solaire vise à réduire la dépendance énergétique du royaume  dont la balance énergétique atteignait un déficit de 99,204 millions de dirhams en 2012.

La production d’un gigawatt d’énergie dans la région Mena aura un impact économique, direct et indirect, de 2,2 milliards de dollars à l’horizon 2020. Pour rappel,  la station solaire Nour I, qui sera opérationnelle en août 2015, aura une capacité de 160 megawatts.

Retrouvez plus de détails dans le numéro 627 de TelQuel, en kiosque dès ce soir.

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