Médicaments. Enfin la baisse des prix !

Victoire pour le ministre de la Santé El Hossein El Ouardi. Il remporte le bras de fer qui l’opposait depuis un an à l’industrie pharmaceutique sur le prix des médicaments.

Le responsable du département de la santé a finalement eu le dernier mot. Le Conseil de gouvernement a adopté ce 13 décembre le décret relatif aux modalités de fixation des prix publics de vente des médicaments. D’après ce texte, le barème de calcul des prix sera le même pour les produits importés et ceux fabriqués localement. Et, bien sûr, le tarif des génériques sera obligatoirement inférieur à celui de leur princeps.

Ordonnance moins salée

Quant au princeps lui-même, son coût sera désormais déterminé par le ministère de la Santé en fonction d’un benchmark de six pays (France, Portugal, Espagne, Belgique, Arabie Saoudite et Turquie) : le prix fabricant hors taxe devra être égal au prix le plus bas de ce tableau comparatif. Pour établir le prix d’un générique par rapport à son princeps, le décret propose une grille tarifaire en six tranches avec un taux de réduction pour chacune. Par exemple, pour un médicament de 50 dirhams, son générique sera au minimum 30% moins cher.

Par ailleurs, le décret tient également compte du volume de consommation des différentes catégories de médicaments pour déterminer le prix public de vente. Les pommades et crèmes bénéficieront ainsi d’une réduction plus importante que les comprimés, gélules et sachets. Cette philosophie, assure El Ouardi, est le fruit des recommandations émanant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Conseil de la concurrence et du rapport de la mission parlementaire d’information sur le prix du médicament.

« La première liste de médicaments concernés par la baisse des prix devrait en contenir environ 700 », annonce Abdelghani Drhimeur, cadre au ministère de la Santé, qui tient à nuancer : « L’important n’est pas tant dans la liste initiale, mais dans le fait que cette liste restera ouverte pour tout nouveau médicament introduit sur le marché ». La publication du décret au Bulletin Officiel devrait avoir lieu d’ici deux semaines et les premières listes de médicaments qui verront leur prix baisser seront connues en mars.

Pour l’heure, El Hossein El Ouardi peut savourer sa victoire. Lui que l’on trouvait parfois trop timoré, a tranché dans le vif et réussi à mener à bout son projet, malgré la colère de l’industrie pharmaceutique. Sans compter que cette mesure se faisait attendre depuis plus d’un an.

Baume pour pharmaciens

Et pour s’éviter un bras de fer trop musclé avec les pharmaciens, le ministre de la Santé a prévu plusieurs mesures spécialement à leur attention. La marge brute sur le prix final, qui était jusque-là de 30% sur l’ensemble des produits, sera dorénavant ajustée et stratifiée. Pour les médicaments de moins de 300 dirhams, qui représenteraient plus des trois-quarts des produits du marché, la marge a ainsi été portée à 34%. « C’est une façon d’apporter une réponse aux craintes des pharmaciens », concède en off une source au ministère. Concernant les plaintes des industriels, le ministère ne s’épanche pas : la baisse était nécessaire, point final.

Selon plusieurs sources, Abdelilah Benkirane serait resté en contact permanent avec El Ouardi les jours précédant l’adoption du décret. Le Chef du gouvernement a par ailleurs reçu la semaine dernière le rapport sur l’accès aux soins du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qu’il avait lui-même commandé. A tel point qu’un député qui planche sur la santé au parlement nous chuchote : « On a l’impression qu’il a décidé de s’emparer de ce dossier et qu’il a la volonté que son gouvernement le règle ». 

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