Analyse. La taxe Ferrari

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La nouvelle taxe sur les voitures de luxe a immédiatement suscité une levée de boucliers dans le secteur automobile. Les importateurs de véhicules haut de gamme ont démarré une vaste campagne de lobbying pour faire capoter ce projet. Leurs arguments ? Cette taxe, qui devrait rapporter environ 50 millions de dirhams au trésor public, risque en contrepartie de le priver de plusieurs centaines de millions de recettes. Une perte que l’Etat accusera sur la baisse des rentrées de l’impôt sur les bénéfices payés par les concessionnaires, et doublement pour la TVA : celle qu’ils collectent pour l’Etat à la vente finale, et celle qu’ils paient à l’importation.

Le raisonnement des importateurs auto suggère donc que le gouvernement a plus à perdre qu’à gagner en introduisant cette nouvelle taxe.Vu sous un angle comptable, l’argumentaire est implacable. Mais ce genre de taxes, instituées dans d’autres pays avant nous (Italie, Russie, Belgique, Chine…), n’a jamais eu pour objectif de résorber le déficit budgétaire, ni d’engraisser l’administration. Il s’agit d’imprimer une ligne à la politique fiscale d’un Etat en temps de crise.

En surtaxant les beaux et très chers bolides, les gouvernements prouvent qu’ils sont prêts à chercher l’argent là où il se trouve. Et en prélevant son écot sur des dépenses de consommation non nécessaires, la majorité gouvernementale souligne en creux qu’elle ne s’attaque pas (seulement) aux classes moyennes et populaires. Démagogique ? Peut-être. Mais quand on a les moyens d’acheter un Range Rover ou une Ferrari, on ne devrait pas profiter des subventions publiques sur son plein d’essence. Payer cette taxe est une manière élégante de rendre d’une main ce que l’on prend, sans raison, de l’autre. Et puis, surtout, quand on aime, on ne compte pas.

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