“J’aurais voulu être athlète”

Smyet bak ?

Mouloud Ben Ali. Nous sommes originaires des tribus Ouzzine, près de Guelmima.

 

Smyet mok ?

Lalla Rkia.

 

Nimirou d’la carte ?

A 564306.

 

Une CIN dont le numéro commence par un A, c’est pour se donner un air rbati chic ?

Je ne l’ai pas fait exprès. Lorsque j’ai demandé ma première carte d’identité, j’habitais chez ma tante, à Rabat. Mes parents s’étant installés en France, j’ai étudié dans cette ville. D’où le A sur ma CIN. Autre détail “chic”, je suis né le même jour que Juan Carlos (un 5 janvier, ndlr). Et pour ceux que ça intéresse, j’ai un frère jumeau, qui s’appelle Aziz. On nous confond souvent…

 

Un commentaire sur le flop marocain aux JO de Londres ?

C’est une grande déception et je partage le même sentiment que tous les Marocains. Il est inacceptable qu’on soit revenus les mains vides, abstraction faite de la médaille de bronze.

 

Et c’est la faute à qui, d’après vous ?

Il faut dire les choses clairement : nous souffrons d’une absence de vision, qui ne date pas d’hier. Il est temps d’effectuer un vrai travail de fond, qui passe par les fédérations, les écoles, les universités et les quartiers. Nous avons aussi besoin d’urgence d’une nouvelle gouvernance du secteur.

 

Pour ne rien arranger, le dopage est venu noircir davantage le tableau…

Tout ce que je peux vous dire, c’est que cela ne sera pas sans conséquences. Une enquête est menée au niveau du ministère et de la fédération concernée. D’autres enquêtes internes sont en cours, afin de clarifier les responsabilités de chacun. Leurs résultats seront portés à la connaissance du public.

 

La création du festival des sports traditionnels à Ifrane, c’est une manière de vous donner bonne conscience ?

Absolument pas. Ce projet est parti d’une simple discussion avec un ami, dans l’idée de sauvegarder cette facette du patrimoine national. Le festival sera d’ailleurs étendu à d’autres villes du pays.

 

Gerets, il touche combien de centaines de SMIG par mois ?

La presse nationale et étrangère en ont longuement parlé… Mais, officiellement, on ne peut rien révéler à cause d’une clause de confidentialité figurant sur le contrat du sélectionneur national.

 

Et avec Ali Fassi Fihri, le président de la fédé, ça se passe comment ?

Nos relations sont bonnes. C’est un homme coopératif et surtout réactif.

 

Monsieur le ministre, vous pratiquez quoi comme sport ?

Du foot ainsi que du tir au plateau. Adolescent, je rêvais de devenir athlète de haut niveau. Comme une grande partie des gens de ma génération, j’étais fasciné par les exploits de Nawal Moutawakil et Saïd Aouita.

 

Pour avoir la patate, vous carburez à quoi ?

Illane (millet, ndlr) ! C’est très nutritif et je le conseille d’ailleurs à vos lecteurs.

 

Et Abdelilah Benkirane, vous lui conseilleriez quoi pour garder la forme ?

Marcher, il n’y a rien de mieux ! Je fais moi-même 4 kilomètres de marche à pied, trois fois par semaine, de préférence le matin. Cela ne prend pas plus d’une heure et les bienfaits sont visibles très rapidement…

 

Etes-vous satisfait des premières colonies de vacances de votre mandat ?

Du tout ! Les espaces dédiés aux colonies laissent à désirer, et le programme est combattu par beaucoup de monde, dont des associations qui sont pourtant nos partenaires. Il y a aussi un problème de contenu, de programme, auquel nous comptons remédier. J’ai pris le train en marche et je veillerai à rectifier beaucoup de choses, chemin faisant.

 

Enfant, vous alliez au moukhayyamate ?

Oui, dans les années 1980, à Aïn Kharzouza près d’Ifrane. Ce n’était pas le Club Med, mais nous avions le minimum.

 

Sinon, que fait quelqu’un comme vous dans un parti comme la Haraka ?

Pourquoi dites-vous cela ? Au-delà de l’image de parti rural qui colle aux basques de la formation, c’est d’abord un parti où on milite contre toutes les formes d’exclusion. Je m’y retrouve et je compte bien ne jamais le quitter. Le MP est un parti traditionnel, mais ancré dans la modernité. Je dirais que c’est aussi bien le parti de la rezza (turban), que celui de Twitter et Facebook.

 

Mais pourquoi pas Annahj ou le PSU par exemple ?

Jamais de la vie, ça ne me correspond pas ! Même si je dois dire que, chez nous comme ailleurs, on trouve des sages comme des c…

 

Lors de la réforme de la Constitution, votre parti n’a pas été très offensif sur la question  de l’amazighité…

C’est faux. Les recommandations que nous avons présentées ont presque toutes été retenues et nous n’avons pas travaillé seuls. Vous pourrez vérifier avec Ahmed Assid ou Meryam Demnati. Nous ne sommes pas des militants adeptes des communiqués. Nous essayons de changer les choses de l’intérieur des institutions. 

 

Est-ce vrai que vous êtes le protégé de Mohand Laenser, leader de la Haraka et ministre de l’Intérieur ?

Pour moi, c’est le père spirituel, le maître, le grand frère et l’ami. Et pas besoin de me poser de question sur mes relations avec le roi : elles sont excellentes, depuis toujours.

 

Pourrez-vous toucher un mot à M. Laenser, et lui demander d’y aller mollo avec la matraque dans la rue ?

Vous savez, il n’est pas facile d’être ministre de l’Intérieur au Maroc. Il y a des décisions difficiles, mais qu’il faut savoir prendre.

 

M. Ouzzine, vous êtes passé des Affaires étrangères à la Jeunesse et aux Sports. Qu’est-ce qui a changé ?

Rien. La diplomatie comme le sport sont des secteurs stratégiques pour le pays, et j’essaie de m’acquitter de ma tâche de mon mieux.

 

Quel souvenir gardez-vous de Abbas El Fassi, votre ancien patron ?

C’est un homme d’une grande rigueur. Il est honnête et sincère. On n’a pas toujours été d’accord, mais j’ai beaucoup de respect pour lui.

 

Et aujourd’hui, qui est votre “complice” au gouvernement ?

Au risque de vous étonner, c’est Abdellah Baha. Il est d’une grande ouverture d’esprit et c’est un homme posé. Il a sa place au sein du gouvernement : il est utile pour tout ce qui est stratégique.

 

Si vous n’étiez pas ministre, vous feriez quoi ?

Député, mais je l’ai été brièvement puisque j’ai cédé mon siège à mon colistier, Nabil Belkhayat ! Ou alors élu communal, mais je le suis aussi puisque je préside la commune de Oued Ifrane.

 

Une dernière pour la route. Abdelilah Benkirane raconte-t-il toujours des blagues en Conseil de gouvernement ?

Non, non… Mais il a souvent recours à de petites morales.

 

 

  • 1969. Naît à Aït Ilyass, région d’Ifrane
  • 1974. S’installe à Rabat
  • 1992. Obtient une licence en littérature anglaise

 

  • 2002. Devient conseiller technique au ministère de l’Agriculture
  • 2003. Naissance de Kenza, l’aînée de ses deux filles
  • 2009. Est nommé secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement El Fassi
  • 2012. Accède au poste de ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement Benkirane

 

 

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer