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Marché : le secteur de l'immobilier commercial déjà saturé?

Le marché immobilier commercial au Maroc connaît une expansion spectaculaire, avec une multiplication des centres commerciaux et des malls dans les grandes villes du Royaume. Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger attirent les plus grandes enseignes internationales. Le bémol ? le marché est quasi saturé. Mais L’innovation peut faire la différence.

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Depuis une dizaine d’années, le Maroc connaît une période de modernisation rapide de ses infrastructures commerciales. L’émergence des centres commerciaux, les fameux “malls”, répond à la demande croissante des consommateurs pour des espaces commerciaux modernes et facilement accessibles.

Ces projets immobiliers massifs remodèlent le paysage urbain des grandes villes, stimulant également le tourisme “de shopping” et les opportunités d’emploi.

Comme des champignons

Casablanca, Rabat et Marrakech ont ainsi vu émerger de nombreux projets de centres commerciaux ces dernières années. Casablanca, avec ses infrastructures impressionnantes, notamment le Morocco Mall et le Marina Shopping, est même devenue une plaque tournante importante pour les activités de vente au détail.

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Le Morocco Mall, qui a nécessité un investissement de plus de 2,5 milliards de dirhams, est aujourd’hui l’un des plus grands centres commerciaux d’Afrique. Marrakech, une destination touristique mondiale de renommée, attire les investisseurs avec des projets comme le Menara Mall, qui allie commerce et divertissement.

De même, des villes comme Tanger et Agadir ne sont pas en reste. La ville du détroit, stratégiquement située en tant que pôle industriel et portuaire, a notamment vu naître d’importants projets commerciaux, en phase avec sa croissance économique.

Construire un immense complexe commercial au Maroc implique pourtant un engagement financier important. Les centres commerciaux les plus étendus nécessitent des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros.

Afin de mener à bien ces projets, les promoteurs doivent non seulement mobiliser des fonds pour la construction des bâtiments, mais également pour le développement des infrastructures environnantes (routes, stationnements, accès) afin de les rendre facilement accessibles.

La dépense typique pour la construction d’un centre commercial de taille moyenne dans le Royaume varie de 500 millions à 1,5 milliard de dirhams, en fonction de facteurs tels que la taille, l’emplacement et les équipements fournis.

Ces sommes comprennent les dépenses liées à la construction d’espaces de vente, mais aussi d’espaces de loisirs, de cinémas et de restaurants, des éléments cruciaux pour attirer une clientèle diversifiée. Les projets de mall contribuent ainsi à moderniser les villes, notamment parce qu’ils impliquent la construction d’infrastructures, tout en attirant les investissements étrangers.

Récemment, des malls 2.0 ont vu le jour. Outre leur offre commerciale, ils comprennent des zones en plein air, des activités pratiques, des services.Crédit: DR

Last but not least, les centres commerciaux jouent un rôle crucial dans la création d’emplois : un mall de taille moyenne peut générer des milliers d’emplois directs et indirects, allant de la construction à la gestion quotidienne d’un magasin.

L’envers du mall…

Un autre point noir à ne pas négliger : les conséquences écologiques de ces structures colossales

Mais les constructions de centres commerciaux peuvent aussi nuire au développement urbain. Et la multiplication des malls suscite des interrogations sur leur viabilité à long terme. Un autre point noir à ne pas négliger : les conséquences écologiques de ces structures colossales. L’augmentation du nombre de centres commerciaux entraîne une consommation d’énergie plus élevée et une plus grande demande de solutions de gestion des déchets.

En outre, le modèle des centres commerciaux constitue une menace pour les entreprises locales, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), qui ont du mal à rivaliser avec les grandes chaînes internationales présentes dans ces espaces commerciaux. Si les malls contribuent au développement des villes et offrent des opportunités d’emploi, elles présentent également des obstacles importants en termes de durabilité et de viabilité des entreprises locales.

Pour que cette dynamique soit durable, le Maroc doit donc établir une vision équilibrée du développement urbain, prenant en compte à la fois les exigences de modernisation et les préoccupations environnementales et sociales. C’est ainsi que, récemment, des malls 2.0 ont vu le jour dans plusieurs régions du Royaume.

“L’innovation est aujourd’hui au centre des intérêts des investisseurs intéressés par les centres commerciaux. L’idée est de ne plus voir les malls comme des lieux fermés, dédiés exclusivement à la consommation, mais bien des lieux de détente et de vie de tous les jours”

Outre leur offre commerciale, ils comprennent des zones en plein air, des activités pratiques, des services (lavages de voiture, coiffeurs, crèches) . Bref, il s’agit de transformer les centres commerciaux en des lieux de vie.

L’innovation est aujourd’hui au centre des intérêts des investisseurs intéressés par les centres commerciaux. L’idée est de ne plus voir les malls comme des lieux fermés, dédiés exclusivement à la consommation, mais bien des lieux de détente et de vie de tous les jours”, nous explique l’un des acteurs du secteur, qui loue actuellement six magasins sur deux centres commerciaux casablancais. “Le focus est sur l’expérience client”, conclut notre interlocuteur.

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