Le logement social occupe une place importante dans la politique du gouvernement. Depuis la mise en œuvre d’initiatives de logements sociaux à 250 000 DH et des logements à faible valeur immobilière (FVI) à 140 000 DH, le pays a déployé des efforts pour répondre à la demande importante.
Néanmoins, malgré quelques progrès, le secteur présente encore des lacunes et les objectifs d’amélioration des conditions de vie des habitants ne sont pas toujours atteints. Si de nouvelles mesures sont prévues, il est crucial d’évaluer la situation actuelle et d’envisager les perspectives d’avenir pour garantir une véritable reprise.
Un bilan en demi-teinte
Le programme de logements sociaux, démarré en 2010 avec un plafond de 200.000 dirhams le l’unité (porté plus tard à 250.000 dirhams), a permis le démarrage de la construction de plus de 579.000 logements, dont environ 366.000 sont terminés. Ces initiatives ont attiré des investissements importants, avec 145,8 milliards de dirhams investis et la création de plus de 221.000 opportunités d’emploi.
Néanmoins, des problèmes continuent de surgir. Les logements construits ne répondent pas toujours aux besoins des communautés les plus défavorisées et leur qualité est souvent décriée. En outre, la répartition géographique des projets a laissé de côté les zones rurales et les petites villes, la plupart des efforts étant concentrés dans les grandes villes.
Le gouvernement a donc choisi de réévaluer son approche. Un système de logements sociaux repensé est en train d’être mis en place, remplaçant le programme précédent à 250.000 dirhams par une nouvelle offre, commençant à 300.000 dirhams.
De plus, un nouveau programme d’aide directe au logement, consistant en une aide financière de 100.000 dirhams fournie directement aux acheteurs, vise à faciliter l’accession à la propriété aux personnes à revenus faibles et moyens. Cette approche représente un changement significatif par rapport aux incitations fiscales accordées auparavant aux promoteurs immobiliers : des incitations souvent critiquées pour ne pas avoir produit les résultats escomptés.
Un secteur à réinventer
Le logement social au Maroc est donc à un tournant décisif. Le pays doit relancer le secteur, mais de manière plus durable, en tenant compte des besoins de la population et des enjeux environnementaux
La relance du secteur du logement social au Maroc repose sur plusieurs leviers. Tout d’abord, l’État doit renforcer la collaboration avec le secteur privé, qui représente près de 78% de la production de logements sociaux. Cependant, cette coopération doit s’accompagner de mécanismes de régulation plus stricts pour garantir la qualité des logements et le respect des cahiers des charges.
Par ailleurs, il est essentiel de développer des projets dans les zones rurales et périphériques, souvent négligées par les promoteurs privés. L’intégration de critères de durabilité et d’efficacité énergétique dans les nouvelles constructions est également une priorité, pour assurer un développement urbain plus respectueux de l’environnement.
Enfin, la digitalisation des processus, à travers des plateformes telles que Daam Sakane, qui facilite les démarches des acquéreurs, représente un pas important vers une plus grande transparence et une accessibilité renforcée aux programmes de logement.
Le logement social au Maroc est donc à un tournant décisif. Le pays doit relancer le secteur, mais de manière plus durable, en tenant compte des besoins de la population et des enjeux environnementaux.
La réforme de 2024, avec ses nouvelles mesures d’aide directe, pourrait apporter une réponse plus adaptée à la demande croissante en logements, mais sa réussite dépendra de la capacité à surmonter les défis de qualité, de régulation et de distribution équitable des logements. Le Maroc a aujourd’hui l’opportunité de réinventer son modèle de logement social, pour en faire un véritable levier de développement humain et économique.