Depuis plusieurs années, la situation économique mondiale se dégrade. L’inflation atteint ses plus hauts niveaux dans de nombreux pays, notamment en Europe, où sont installés un nombre important de Marocains résidant à l’étranger (MRE).
Ces crises persistantes, aggravées par la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui a suivi, ont eu un impact significatif sur le pouvoir d’achat, obligeant particuliers et entreprises à réévaluer leurs approches d’investissement.
En France, en Espagne et en Belgique, les prix des biens de consommation courante ont grimpé en flèche, entraînant une baisse substantielle du pouvoir d’achat des ménages. Simultanément, les taux des prêts immobiliers ont augmenté, rendant plus difficile l’accès à la propriété dans ces pays. Face à ces enjeux, l’immobilier au Maroc semble être une option attractive.
Du coup, de nombreux MRE cherchent refuge dans l’immobilier marocain. Ce secteur, considéré comme un investissement sûr, offre une stabilité et un potentiel de revenus à long terme, notamment via des locations de courte ou longue durée.
Ainsi, en 2023, le montant des fonds transférés par les MRE a atteint un niveau record de plus de 115 milliards de dirhams, avec une part substantielle allouée à l’achat de biens immobiliers. Rappelons d’ailleurs que, selon une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), plus des deux tiers des investissements réalisés dans le Royaume sont orientés vers l’immobilier, principalement à des fins résidentielles ou locatives.
Cette tendance peut être largement attribuée à la confiance des investisseurs dans le marché immobilier marocain, considéré comme une opportunité d’investissement sûre et lucrative. En effet, l’immobilier, notamment dans les grandes villes comme Casablanca, Marrakech et Tanger, continue de s’apprécier.
La demande d’appartements et de villas à louer est particulièrement élevée, en particulier dans les zones côtières et touristiques, où les locations de vacances peuvent générer des revenus substantiels grâce aux locations de courte durée.
Le court terme, le déclic
Les locations à court terme ont aussi connu un regain de popularité significatif en raison de l’émergence de plateformes comme Airbnb. Les propriétaires, en particulier ceux qui possèdent des biens dans des destinations touristiques populaires comme Agadir, Essaouira ou Marrakech, profitent du flux continu de touristes pour augmenter leurs revenus locatifs.
Selon une étude du ministère du Tourisme, la demande de logements en location à court terme a augmenté de 15% au cours des dernières années, et cette tendance devrait se poursuivre. Mais si l’immobilier présente de nombreuses opportunités, investir n’est pas sans défis, en particulier pour les MRE.
Tout d’abord, gérer des biens locatifs à distance peut s’avérer assez complexe, notamment pour les propriétaires qui vivent à l’étranger. Assurer l’entretien des biens, gérer les locataires et respecter les réglementations locales, tout cela nécessite une organisation minutieuse.
De plus, la forte demande immobilière, notamment dans les grandes villes, a provoqué une hausse des prix, ce qui a quelque peu diminué la rentabilité des biens pour les nouveaux investisseurs.
Les retours aux sources
Pourtant, ces difficultés ne dissuadent pas Younes de chercher à acheter un terrain. “Je rentre au Maroc à chaque fois que j’en ai l’occasion. Même pour trois jours, pour profiter d’une ville comme Agadir et ses alentours, ça vaut vraiment le détour. Vive les vols pas chers. Tout a commencé avec cette envie de vacances, mais à chaque fois, les coûts des hôtels et Airbnb pesaient sur mes budgets. Je me suis dit, pourquoi pas avoir un chez moi ici ?”, détaille le quadragénaire.
Younès ne compte pas acheter de bien en Espagne, où il réside pourtant depuis 20 ans. Il veut faire comme deux de ses amis, acquérir un terrain dans la région d’Agadir et y construire sa petite maison de vacances.
“Avec un budget d’un million de dirhams, tu peux commencer à rêver. Même avec moins, mais pour bien faire les choses, doucement et sûrement, il faut penser à tout, y compris au coût des travaux”, poursuit notre interlocuteur, qui a entamé ses recherches de terrains depuis déjà quelques mois.
A chaque fois qu’il en a l’occasion, il va “sur le terrain”, sinon il recherche sur Internet et compte sur le bouche à oreille. Pour lui, le retour au pays pour y finir sa vie est une décision non négociable qu’il a déjà prise avec sa famille.
En résumé, attirés par la stabilité, le potentiel de rendement du marché marocain, et leur attachement à leurs origines, les MRE jouent un rôle important dans l’expansion du secteur immobilier, ainsi que dans le progrès économique global du pays.
Néanmoins, pour tirer pleinement parti de ces investissements, il est crucial que le Maroc continue de renforcer ses systèmes de soutien et ses incitations fiscales, afin de consolider son partenariat stratégique avec sa diaspora.