La ministre Nadia Fettah Alaoui accompagnée, de gauche à droite, de l'ambassadeur de France au Maroc Christophe Lecourtier, de Michel Bouvier, fondateur de Fondafip, et de Noureddine Bensouda, trésorier général du royaume. Crédit: DR

Gouvernance financière : le département de Nadia Fettah Alaoui appelle à une réforme en profondeur

Les 1er et 2 novembre, Rabat a accueilli la 16e édition du Colloque international des finances publiques, organisée par le ministère de l’Économie et des Finances et l’association FONDAFIP, en partenariat avec la Revue française de finances publiques. Ce colloque a réuni des experts marocains et français pour discuter de la restructuration des modèles de gouvernance financière publique, dans un contexte de crises successives.

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Lors de l’ouverture, Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances, a mis en avant les défis auxquels le Maroc fait face, entre la pandémie de Covid-19, les répercussions du conflit en Ukraine et le séisme d’Al Haouz.

Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, a souligné que les décisions en finances publiques, souvent perçues comme techniques, sont en réalité profondément politiques : elles touchent au “pacte social”

Selon elle, ces crises ont révélé les “fragilités” du système actuel, nécessitant des mesures urgentes pour répondre aux besoins des citoyens tout en soutenant l’économie nationale. Cependant, la ministre a insisté sur l’importance de dépasser ces solutions d’urgence pour adopter une “vision stratégique” et “innover” dans l’action publique.

Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, a quant à lui souligné que les décisions en finances publiques, souvent perçues comme techniques, sont en réalité profondément politiques car elles touchent au “pacte social”. Il a plaidé pour une gouvernance financière de long terme, qui puisse aligner les priorités des gouvernements successifs avec l’intérêt collectif et la durabilité budgétaire.

De son côté, Michel Bouvier, président de FONDAFIP, a averti sur la “déstructuration” croissante des systèmes financiers publics, aggravée par la prolifération d’entités autonomes et d’acteurs divers, ce qui compromet la cohérence de l’action publique. Il a rappelé que si la diversité des acteurs peut être source d’efficacité, elle risque de devenir stérile sans une “unité d’action” et une coordination intersectorielle pour éviter le cloisonnement des politiques.

Les discussions ont également abordé les réformes mises en place au Maroc. Noureddine Bensouda a mis en exergue la loi organique des finances de 2015, qui a permis des avancées dans la gestion budgétaire, tout en admettant que certaines dépenses, notamment salariales, continuent de peser lourdement.

Sur le volet fiscal, les réformes amorcées depuis 2004, comme l’intégration des services de recouvrement, ont contribué à renforcer les ressources fiscales tout en réduisant la complexité administrative. Cependant, le Trésorier du Royaume a noté que le modèle actuel reste “inachevé” et nécessite des ajustements pour répondre aux nouveaux défis économiques et sociaux.

Le colloque a finalement mis en avant une volonté commune entre le Maroc et la France : bâtir un modèle de gouvernance financière plus agile et cohérent. Cette dynamique nouvelle ouvre des perspectives prometteuses pour une action publique plus efficace, apte à relever les défis actuels et à répondre aux attentes croissantes des citoyens.