Gaza : 36 frappes israéliennes analysées par l’ONU “n’ont tué que des femmes et des enfants”

Les actions d’Israël dans la bande de Gaza menacent la “capacité future des Palestiniens à vivre” dans ce territoire, a affirmé vendredi le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme.

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“Un enfant palestinien, extrait des décombres, a été transporté à l’hôpital Nasser. Là-bas, sa tante l’a reconnu et s’est mise à crier son nom : ‘C’est Diya’a, c’est Diya’a…’ Lorsque ses frères et sœurs, sa mère et son père sont arrivés, leur douleur était immense. Je ne l’oublierai jamais. Il avait quitté leur maison pour aller chercher du bois pour se chauffer lorsqu’il a été tué par une frappe aérienne.” Crédit: Belal Khaled/ONU

La mort, la destruction, les déplacements, le déni d’accès aux besoins fondamentaux à Gaza et l’idée répétée que les Gazaouis devraient quitter complètement le territoire soulèvent de réelles inquiétudes quant à la capacité future des Palestiniens à vivre en tant que groupe à Gaza”, a déclaré une porte-parole du Haut-commissariat, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.

“Notre déclaration de ce jour porte donc nos inquiétudes à un degré supérieur en raison de l’effet cumulatif de ce qui se passe à Gaza”, a-t-elle indiqué.

Le Haut-commissariat a en particulier dénoncé l’impact sur les civils des frappes israéliennes ces dernières semaines sur la bande de Gaza, constatant qu’un “large pourcentage des victimes sont des enfants et des femmes”.

“Entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes pour déplacés”, a indiqué le Haut-commissariat aux droits de l’Homme dans un communiqué, ajoutant que, pour “36 frappes répertoriées et corroborées” par le Haut-commissariat, les victimes “étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu’à présent”.

“Dans l’ensemble, un large pourcentage des victimes sont des enfants et des femmes”, note le Haut-commissariat.

Selon les informations de l’agence onusienne, malgré les ordres israéliens demandant aux civils de se déplacer vers la zone d’Al-Mawasi, “les frappes ont continué sur les tentes des déplacés dans cette région — avec au moins 23 incidents de ce type enregistrés par le Haut-commissariat depuis le 18 mars”.

Shamdasani a aussi critiqué la multiplication des ordres d’évacuation donnés par l’armée israélienne “qui sont, en fait, des ordres de déplacement”.

Israël, en tant que puissance occupante, peut légalement ordonner l’évacuation temporaire de civils dans certaines zones, mais “la nature et la portée des ordres d’évacuation soulèvent de sérieuses questions quant à l’intention d’Israël d’exclure définitivement la population civile de ces zones afin de créer une ‘zone tampon’”.

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Le Haut-Commissariat rappelle que “déplacer définitivement la population civile dans un territoire occupé équivaut à un transfert forcé”, qui “est un crime contre l’humanité selon le Statut de Rome”.

À cela viennent s’ajouter “les attaques contre et le meurtre de journalistes palestiniens” et le Haut-commissariat rappelle que diriger intentionnellement des attaques contre des civils ne participant pas directement aux hostilités constitue un crime de guerre.

Le blocus auquel est soumis Gaza depuis six semaines et les déclarations de responsables israéliens conditionnant l’entrée de l’aide humanitaire à la libération des otages aux mains du Hamas pourraient s’apparenter d’une part à une punition collective et d’autre part à la volonté d’affamer la population, deux “crimes au regard du droit international”.