Abdellatif Ouahbi : “Celui qui croit en la supériorité des hommes sur les femmes vit à l'époque d'Abou Lahab et non à celle de Mohammed VI”

L'Université internationale de Rabat (UIR) a abrité, lundi, une rencontre sur la révision du Code de la famille, accompagnée de la projection de "Al Wassaya", film de la réalisatrice Sanaa Akroud qui traite d'une série de questions sociales liées aux droits de la femme au sein de l'institution familiale.

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Abdellatif Ouahbi au Parlement, le 21 octobre 2024. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Au début de cette rencontre, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a abordé un certain nombre de points en discussion dans le cadre de la révision du Code de la famille, notamment le divorce, la Nafaqa et la contribution de la femme au foyer conjugal.

Dans ce sens, le ministre a insisté sur la nécessité de parvenir aux équilibres et au respect mutuel entre les composantes de la famille afin d’offrir aux enfants un climat d’harmonie et d’affection et contribuer à leur équilibre.

En outre, Ouahbi a souligné l’importance de valoriser la contribution de la femme à la richesse de son époux et à l’amélioration de ses moyens financiers, précisant que cette valorisation du travail des femmes, qu’elles soient au foyer ou qu’elles travaillent à l’extérieur, constitue une sorte d’équité à leur égard.

Abdellatif Ouahbi a confirmé, dans son intervention, que « le mariage des mineures au Maroc est parmi les problèmes également posés, car il y a des filles mineures qui se marient et ne terminent pas leurs études, ce qui est évident, considérant que le père marie sa fille mineure et ne se soucie pas principalement de la poursuite de ses études, car pour lui, il s’agit plutôt de s’en débarrasser, pour qu’elle assume la responsabilité et les charges d’une famille entière ».

Il a également rappelé les principaux développements prévus dans le Code de la famille, où il a indiqué que « la moutaa est parmi ces problèmes qui ont été soulevés ».

Abdellatif Ouahbi a critiqué la tendance à discriminer entre les enfants, garçons et filles, en indiquant « qu’il n’y a pas de différence entre eux, car celui qui croit à la supériorité des hommes sur les femmes vit à l’époque d’Abou Lahab et non à celle de Mohammed VI ».

En outre, il déplore la discrimination persistante envers les femmes divorcées, souvent mal perçues cdans la société. « La femme divorcée a une expérience de vie qui devrait être respectée au même titre que celle d’un homme divorcé », explique-t-il.

« Si quelqu’un pense qu’après l’année 2020 on peut compter sur le même code de la famille, il se moque de lui-même, car le Maroc va changer, et ce changement vient avec force, et l’exemple le plus frappant en est les résultats du baccalauréat », a-t-il conclut.

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Pour sa part, Sanaa Akroud a indiqué que le film « Al Wassaya » est le fruit de plusieurs années de recherche, d’écriture, de conception des personnages, expliquant qu’elle a essayé de porter à l’écran la réalité juridique et sociale des femmes, notamment des mères divorcées qui se battent pour la garde et la tutelle de leurs enfants.

Et d’ajouter qu’elle a également abordé la question du mariage des mineures, qui constitue l’une des priorités du législateur marocain.

« Il n’est pas possible d’assurer la participation effective et complète des femmes en l’absence d’un arsenal juridique qui respecte leurs capacités, leur assure une justice sociale et respecte leur intelligence et leur indépendance », a-t-elle dit.

Présenté dans le contexte du débat sociétal renouvelé sur les questions touchant à la famille, et coïncidant avec la révision en cours du Code de la famille, « Al Wassaya » raconte l’histoire de Daouia, une femme qui mène une bataille juridique avec son ex-mari pour conserver la garde de sa fille.

A l’issue de la projection de ce film, un débat interactif a été ouvert avec les étudiants de l’UIR, dans le cadre de la réflexion, de l’ouverture et de l’encouragement des jeunes à s’engager et à contribuer aux questions sociétales.

(avec MAP)