Les jeunes en situation de NEET ont coûté plus de 60 milliards de dirhams à l’État en 2019

Une étude récente, menée par l’Université Ibn Tofail de Kénitra, révèle des chiffres inquiétants concernant les jeunes marocains en situation de “NEET” (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation). Cette situation, qui touche particulièrement les jeunes femmes issues des zones rurales, représente un fardeau économique majeur pour le pays.

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Photo d'illustration. Crédit : Rachid Tniouni
Rachid Tniouni / TelQuel

L'étude, publiée en août 2024 dans la revue académique internationale “Vulnerable Children and Youth Studies” et intitulée “Estimation des coûts à court terme des jeunes ni en éducation, ni en emploi, ni en formation : preuves du Maroc”, estime que les jeunes NEET ont coûté à l’économie marocaine plus de 60 milliards de dirhams en 2019. Le coût d’opportunité, c’est-à-dire les gains potentiels non réalisés, s'élève quant à lui à 55 milliards de dirhams.

Les conclusions de cette recherche, dirigée par la professeure Mariem Liouaeddine et le chercheur Abderrahman Oudad, mettent en lumière la vulnérabilité accrue des jeunes femmes des zones rurales. Ces dernières représentent une part significative des jeunes en situation de NEET, un phénomène qui “pourrait s’aggraver en l’absence de politiques publiques efficaces”.

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L’étude attire l’attention sur les conséquences à court terme de l’inactivité des jeunes NEET sur les finances publiques. Outre le manque à gagner en termes de productivité, ces jeunes engendrent également des coûts indirects pour l’État, notamment en matière de santé et de services sociaux. “L’absence de données précises sur certains aspects comme la toxicomanie ou la criminalité laisse d’ailleurs penser que le coût réel pourrait être encore plus élevé”, précise l’étude.

Les auteurs de l’étude plaident pour la mise en œuvre de programmes et de politiques visant à intégrer ces jeunes dans des circuits éducatifs et professionnels. L’objectif est non seulement de réduire leur impact économique, mais aussi de favoriser leur inclusion sociale à long terme. Les chercheurs soulignent que, sans intervention rapide, le Maroc risque de voir croître cette population de jeunes inactifs, aggravant ainsi la pression sur les finances publiques et freinant le développement économique du pays.

L’équipe de recherche a adopté une méthodologie inspirée de travaux similaires réalisés au Royaume-Uni. Celle-ci repose sur une évaluation comparative des coûts liés aux jeunes NEET par rapport à d’autres catégories de la population, permettant de quantifier avec précision l’impact économique de cette situation.