TelQuel : En tant que professionnel de la gastronomie, que signifie pour vous cette grande consécration ?
Salah Chakor : La gastronomie marocaine a battu le record avec un grand score. C’est une grande fierté pour les Marocaines et Marocains. Cette intronisation n’est pas un hasard, elle est bien méritée, car notre cuisine est une mosaïque de cultures, de savoir et de savoir-faire, issus d’une grande civilisation vielle de plusieurs siècles, partant des Amazighs, puis des juifs et arabo-musulmans qui ont réorganisé cette cuisine en la structurant. L’islam a aussi fait de cette cuisine une diététique.
C’est une consécration multiple, notre cuisine ayant été plébiscitée par des milliers d’internautes des quatre coins du monde. S’ajoute à cela le témoignage du célèbre chef britannique Gordon Ramsay, qui témoigne dans une capsule vidéo de son admiration pour les plats marocains, dont la rfissa de poulet…
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Si le Royaume du Maroc offre une mosaïque de plats riches et savoureux, c’est lié à sa situation privilégiée, à la croisée des cultures et des civilisations, depuis la haute Antiquité. Le Maroc est gourmand de son authenticité, de ses recettes qui sont à 100% le reflet de sa longue histoire riche en traditions, ainsi que de ses particularités régionales. Le Royaume recèle de secrets gourmands profonds issus d’un savoir-faire ancestral, miroir du patrimoine du terroir. La cuisine est l’art qui témoigne du degré de civilisation d’un pays, car les habitudes alimentaires d’un peuple sont toujours intimement liées à la géographie de sa localité.
Une alternance d’austérité et de majesté, de rudesse et de douceur, de mesure et de démesure qu’offrent les montagnes, les plaines, les mers et les lacs, se retrouve dans sa cuisine marocaine, à la fois rustique et opulente. C’est dire que le patrimoine culinaire marocain se définit comme le miroir d’un passé séculaire et ancestral riche. La gastronomie marocaine est le témoin d’un brassage de cultures et de civilisations qu’a vécu cette terre, reconnue comme étant un carrefour de rencontres et de vie pacifique. Cette gastronomie est le fruit d’un mélange de savoirs et de savoir-faire multiples, venus de plusieurs horizons.
Donc si les internautes ont voté pour la gastronomie marocaine comme étant la première au monde, ce n’est pas un hasard.
Qu’est-ce qui distingue la gastronomie marocaine des autres cuisines internationales ?
La cuisine de nos arrières grands-mères est un art culinaire du terroir, car faite avec finesse et goût dans des ustensiles fabriqués avec des matériaux purement naturels (argile, métal…), à base de produits naturels. La cuisine est l’âme d’un peuple, car elle est le miroir de ses traditions ancestrales.
La cuisine marocaine est le résultat d’un mélange de savoirs et de savoir-faire, grâce aux différentes civilisations et cultures qui se sont installées dans le pays au fil des siècles (berbères, juives, chrétiennes…). C’est ce qui fait de cette cuisine une mosaïque de culture et un tableau artistique de valeur.
Un mélange d’épices et de condiments choisis avec goût et avec tact, le mariage du salé et du sucré, la variété de salades (cuites et crues), une multitude de salés et de pâtisseries du terroir, distinguent la cuisine marocaine des autres au niveau mondial.
La gastronomie est une expression artistique qui implique une relation avec la pensée dont elle s’inspire, de la même manière que la musique, la peinture, le tapis, et tout art populaire. Si l’on dit que le peintre dispose de sept couleurs, le musicien de sept sons, le cuisinier, lui aussi, dispose de sept saveurs. L’art de la cuisine ne réside pas uniquement dans la confection de plats employant des produits de luxe (truffe, foie gras, homard…). Une simple purée de pommes de terre, faite dans les règles de l’art, c’est de la vraie cuisine.
Enfin, la cuisine est une culture qui fait partie intégrante de notre vie quotidienne, c’est le principal moyen de réparation de l’organisme, garant de notre santé. C’est aussi l’un des principaux témoins de la civilisation et des traditions d’une nation.
Le Royaume a accueilli 7,4 millions de touristes durant les six premiers mois de l’année, soit une hausse de 14% par rapport à la même période de l’an dernier. Une opportunité pour présenter notre cuisine aux visiteurs. Comment y parvenir ?
Étant donné que l’on ne peut pas concevoir une hôtellerie, et en l’occurrence un tourisme sans une restauration, sans un hébergement, entre autres, nous considérons que le patrimoine culturel est l’une des composantes importantes et essentielles de cette industrie des loisirs. Il n’est pas concevable de s’en passer, car c’est le moyen le plus efficace pour divulguer un savoir-faire des citoyens en la matière, ce qui participe à la promotion de la culture locale ancestrale.
“La gastronomie, faisant partie du tourisme culturel, est d’une importance capitale pour le développement de l’offre touristique”
La cuisine, ce n’est pas seulement faire à manger, c’est aussi et surtout faire appel à une culture, à une cérémonie, à des traditions, selon chaque région, chaque tribu. L’art culinaire marocain détient donc une grande place dans la promotion du tourisme et contribue efficacement, s’il est bien fait, au développement du secteur. Une bonne cuisine savoureuse, délicieuse, riche et variée comme la Marocaine ne peut que rehausser la qualité du produit touristique. Par conséquent, il est de notre devoir, toutes et tous, de mieux l’enseigner et la sauvegarder.
C’est à ce titre que la gastronomie, faisant partie du tourisme culturel, est d’une importance capitale pour le développement de l’offre touristique. Cette augmentation du nombre de touristes, nationaux et internationaux, est une occasion de redorer le blason de nos restaurants et de les inciter à servir la gastronomie marocaine du terroir pour mieux vanter ses qualités, amener les touristes à en découvrir les qualités et mieux la promouvoir.
Notre pays accueille la 35e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) fin 2025, et la 24e édition de la Coupe du monde en 2030 auprès de l’Espagne et du Portugal. Quelles recommandations pour répondre aux exigences de ces deux manifestations d’envergure en termes de services ?
Ces deux événements constituent une grande opportunité pour les hôteliers et les restaurateurs pour se réorganiser et préparer un service de haut de gamme, qui pourrait drainer moult consommateurs, venus des quatre coins du monde.
C’est aussi une occasion pour agrandir le parc hôtelier et instaurer des mesures strictes de contrôle de qualité, d’hygiène et de sérénité. Cela pourrait également créer d’innombrables postes d’emplois et générer des recettes importantes pour tous les commerces connexes (marchands de produits alimentaires, transporteurs, guides et accompagnateurs…).
C’est une grande mine de revenus qu’il faut saisir de manière honnête et intelligente. C’est là le rôle des autorités concernées, appelées à mettre en place des mesures strictes pour mieux promouvoir la destination et la marque Maroc, surtout en gastronomie.
