Aïd : tollé sur les profits exorbitants et exonérations fiscales des grands éleveurs

Au Maroc, la période de l’Aïd al-Adha représente un moment de prospérité pour les grands éleveurs de moutons, qui tirent des profits considérables de la vente des bêtes destinées au sacrifice. Des bénéfices obtenus dans un contexte d’exonérations fiscales importantes, et qui font débat parmi la classe politique marocaine, souligne Al3omk.

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Yassine Toumi / TelQuel

Le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, a récemment défendu les mesures gouvernementales destinées à stabiliser le marché et soutenir les éleveurs. Parmi celles-ci figurent l’achat et la distribution d’aliments pour animaux à des prix subventionnés. Sadiki a précisé que six millions de quintaux d’orge subventionnée et plus de trois millions de quintaux d’aliments composés ont été distribués pour soutenir le secteur.

Pour répondre à la demande croissante, le Maroc a également ouvert de nouveaux marchés d’importation, notamment avec Amérique du Sud. Une subvention de 500 dirhams par tête de mouton importée a été mise en place pour encourager l’importation de 300.000 moutons jusqu’en juin prochain.

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Toutefois, cette manne financière pour les grands éleveurs est exempte d’impôts grâce à des exemptions fiscales généreuses. Driss Adda, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale du secteur agricole, a dénoncé ces pratiques, soulignant que la loi n’exige des éleveurs de payer des impôts que si leurs revenus annuels dépassent 5 millions de dirhams. Pour éviter cette imposition, certains éleveurs créent plusieurs sociétés afin de fragmenter leurs revenus.

Cette situation a suscité des critiques parmi les parlementaires. Aïcha Elkout, députée du Parti de la justice et du développement (PJD), a remis en question l’efficacité des subventions gouvernementales, arguant que les prix de la viande restent élevés. Nadia Thami, du groupe Progrès et Socialisme (PPS), a également noté une augmentation continue des prix malgré les mesures d’importation.

De son côté, Fatima Tamni de la Fédération de la gauche démocratique a critiqué les mesures en place, estimant qu’elles profitent davantage aux grands éleveurs et importateurs qu’aux petits agriculteurs. Elle a souligné que l’ouverture à l’importation n’avait pas fait baisser les prix, mettant ainsi en lumière les limites des politiques actuelles.