Le sommet arabe appelle à un cessez-le-feu à Gaza et à l’arrêt des “déplacements forcés”

Les dirigeants arabes ont appelé jeudi à un cessez-le-feu “immédiat” dans la bande de Gaza, dévastée par plus de sept mois de guerre entre Israël et le Hamas, et à la fin “du déplacement forcé” des Palestiniens, à l’issue d’un sommet à Bahreïn.

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33e sommet arabe à Manama, Bahreïn. Crédit: MAP

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a de son côté appelé dans un communiqué “les États arabes frères à prendre les mesures nécessaires pour contraindre l’occupation (Israël, ndlr) à mettre fin à son agression et à retirer des troupes de l’ensemble de la bande de Gaza, y compris de Rafah”.

Réunis à Manama, les dirigeants arabes ont dit souhaiter le déploiement de Casques bleus dans les “territoires palestiniens occupés” par Israël jusqu’à la mise en œuvre de la solution de deux États, israélien et palestinien, pour régler le conflit vieux de plusieurs décennies.

Mais un tel déploiement nécessiterait un consensus international et l’acceptation d’Israël, ce qui semble, selon les experts, être très difficile, voire impossible.

Les États-Unis ont estimé qu’une force de l’ONU pourrait compromettre les efforts d’Israël de vaincre le Hamas, sans toutefois s’y opposer.

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Dans leur communiqué final, les dirigeants arabes ont également entériné un appel à “une conférence internationale sous l’égide de l’ONU” pour régler le conflit “sur la base de la solution à deux États”.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’oppose à la création d’un État palestinien, que l’administration américaine et les États membres de l’Union européenne considèrent comme la seule solution à long terme du conflit.

Lors de la guerre israélo-arabe en 1967, Israël s’est emparé de la Cisjordanie, de la partie orientale de Jérusalem et de Gaza. Les gouvernements israéliens successifs ont encouragé l’installation de colonies juives dans ces territoires palestiniens occupés.

Au regard du droit international, les territoires palestiniens sont toujours considérés comme occupés et les colonies israéliennes jugées illégales. Israël s’était retiré unilatéralement de Gaza en 2005, mais y a envoyé ses troupes après l’attaque du Hamas contre le territoire israélien le 7 octobre, qui a déclenché la guerre.

Nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, l’arrêt de toutes les tentatives de déplacement forcé, la fin de toutes les formes de siège et un accès total et durable” de la population assiégée “à l’aide humanitaire”, ont déclaré les dirigeants arabes.

Le sommet arabe a coïncidé avec l’annonce par Israël de son intention d’“intensifier” ses opérations au sol à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, malgré les mises en garde internationales contre une offensive d’ampleur dans cette ville surpeuplée.

Invité au sommet, le chef de l’ONU Antonio Guterres a estimé que “toute offensive à Rafah est inacceptable”, réitérant son appel à la “libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages” retenus à Gaza et à un “cessez-le-feu humanitaire immédiat”.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a lui pointé du doigt la responsabilité du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il a accusé d’avoir donné prétexte à la guerre en attaquant Israël le 7 octobre. “L’opération militaire menée unilatéralement par le Hamas ce jour-là (…) a donné à Israël davantage de prétextes et de justifications pour attaquer Gaza, tuant, détruisant et déplaçant des centaines de milliers de personnes”, a-t-il déclaré.

Depuis des affrontements fratricides en 2007, le leadership palestinien est divisé entre l’Autorité palestinienne, menée par le Fatah, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, et le Hamas. Israël a toujours cherché à conforter cette situation pour empêcher la création d’un État palestinien, a affirmé Abbas. Mais “le refus du Hamas de mettre fin à la division (…) a servi ce plan israélien”.

Le Hamas a dit “regretter” les propos de Mahmoud Abbas.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 38 seraient mortes, selon l’armée.

En riposte, Israël a promis d’anéantir le Hamas et lancé une vaste offensive qui a ravagé la bande de Gaza et où 35.272 personnes ont été tuées, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.