Un premier bateau chargé de vivres au large de Gaza

Un premier bateau chargé de vivres pour la population affamée par plus de cinq mois de guerre est attendu vendredi dans la bande de Gaza, au moment où les Palestiniens célèbrent sous tension la première grande prière depuis le début du ramadan.

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Le bateau chargé de vivres pour Gaza de Open Arms et World Central Kitchen (WCK), sur le départ à Chypre, le 12 mars 2024. Crédit: Open Arms / X

Le bateau de l’ONG espagnole Open Arms, remorquant une barge chargée de 200 tonnes de vivres, était visible vendredi matin au large de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, selon un journaliste de l’AFP. Ce bateau ouvre une voie maritime depuis Chypre vers le territoire assiégé depuis le début de la guerre, le 7 octobre, entre Israël et le Hamas.

L’ONU redoute une famine généralisée dans la bande de Gaza, notamment dans le nord, difficilement accessible, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes.

Vendredi, le Hamas a accusé l’armée d’avoir une nouvelle fois ouvert le feu avec “des chars et des hélicoptères” dans cette région, sur une foule qui attendait une distribution de farine à l’entrée de la ville de Gaza. Ces tirs ont fait au moins 20 morts et 155 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne a affirmé ne pas avoir “attaqué” des Palestiniens “à un point de distribution d’aide” et précisé “analyser l’incident avec sérieux”, mais sans détailler sa version des faits.

Il y a eu des tirs directs des forces d’occupation sur des gens rassemblés au rond-point ‘Koweït’ pour attendre l’arrivée de camions avec de la nourriture”, a raconté à l’AFP le docteur Mohammed Ghurab, directeur des services d’urgence de l’hôpital al-Chifa. Sur place, un correspondant de l’AFP a vu de nombreuses ambulances avec des dépouilles et des blessés.

Une course contre la montre est engagée pendant ce temps pour tenter d’acheminer davantage d’aide humanitaire dans le territoire palestinien.

L’aide par voie terrestre arrive principalement depuis l’Égypte via le poste-frontière de Rafah, dans le sud, après avoir été inspectée par Israël, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants du territoire.

Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays ont décidé de diversifier les voies d’acheminement de l’aide en organisant des parachutages ou un couloir maritime depuis Chypre.

“Nous espérons décharger l’aide dès qu’il sera possible de s’amarrer, mais de nombreux facteurs jouent dans cette opération compliquée”

Erin Gore, présidente de WCK

Parti mardi de Chypre, le bateau d’Open Arms transporte 300.000 repas préparés par l’ONG américaine World Central Kitchen. “Nous savons tous que ce n’est pas suffisant (…), c’est pourquoi nous devons ouvrir ce couloir avec un flux continu de bateaux”, a déclaré jeudi à l’AFP la présidente de WCK, Erin Gore.

Une équipe de WCK présente à Gaza depuis le début de la guerre a construit une jetée flottante où seront débarquées les cargaisons destinées à la population du nord du territoire.

Nous espérons décharger l’aide dès qu’il sera possible de s’amarrer, mais de nombreux facteurs jouent dans cette opération compliquée”, a ajouté Mme Gore dont l’ONG a indiqué affréter un second navire avec “des centaines de tonnes” de vivres.

“Tout le peuple est affamé et épuisé”

Dans le nord de la bande de Gaza, les habitants scrutent quotidiennement le ciel dans l’attente d’un parachutage, mais les quantités larguées sont limitées. Dès que les parachutes s’approchent du sol, ils se précipitent au milieu des ruines, en espérant récupérer un sac de nourriture.

Depuis que la guerre a commencé et que les gens se sont déplacés vers le sud, nous n’avons pas reçu d’aide. Nous errons depuis tôt le matin dans l’espoir qu’un avion largue des parachutes au-dessus de nous”, a raconté à l’AFP un déplacé, Mokhles al-Masry, un sac de farine sur les épaules, à Beit Lahia. “Tout le peuple est affamé et épuisé”, a-t-il ajouté.

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La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 32 seraient mortes. En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 31.341 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Toujours pas de trêve en vue

Des dizaines de frappes ont visé le territoire pendant la nuit, notamment la ville de Gaza, Khan Younès dans le sud ainsi que le centre, selon les autorités du Hamas. Des témoins ont signalé des combats à Khan Younès et dans le quartier de Zeitoun à Gaza-ville.

La guerre a aussi envenimé les tensions dans les Territoires palestiniens occupés par Israël. À Jérusalem, des milliers de membres des forces de l’ordre sont déployés vendredi pour la première grande prière sur l’esplanade des Mosquées depuis le début du ramadan le 11 mars, par craintes de débordements.

Les États-Unis, l’Égypte et le Qatar, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve assorti à des libérations d’otages à Gaza comme ils l’espéraient avant le début du ramadan.

Une source au sein du Hamas a indiqué à l’AFP que le mouvement islamiste avait présenté aux médiateurs égyptiens et qataris une position faisant preuve de “flexibilité” quant à un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le Hamas demande en outre le retrait des forces israéliennes de “toutes les zones peuplées” de Gaza, a ajouté cette source.

Jeudi soir, le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a jugé “irréalistes” les demandes du Hamas. Pour vaincre totalement le Hamas, Netanyahu a annoncé une offensive prochaine contre la ville de Rafah, collée contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés, selon l’ONU, environ un million et demi de Palestiniens.