Gaza : contre la famine et le blocage des lignes terrestres, l’aide humanitaire s’organise

La communauté internationale diversifie les voies pour acheminer des aides vitales à la population de Gaza au bord de la famine et bombardée sans cesse par Israël. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dénonce, lui, l’utilisation de la faim “comme arme de guerre”.

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Parachutage des aides humanitaires à Gaza. Crédit: DR

Au sixième mois de la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque sanglante du mouvement palestinien contre le sol israélien, le bilan humain ne cesse de s’alourdir à Gaza avec 31 184 morts en majorité des civils selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, et la situation humanitaire ne cesse d’empirer, l’ONU redoutant “une famine généralisée”.

Tôt mercredi 13 mars, des témoins ont fait état de bombardements israéliens contre le sud du territoire palestinien assiégé, qui ont coûté la vie à au moins 70 personnes selon le même ministère.

Un pont humanitaire maritime et aérien

Sans trêve à l’horizon et alors que les aides par voie terrestre sous contrôle d’Israël n’entrent qu’au compte-gouttes à Gaza, plusieurs pays ainsi que l’Union européenne ont décidé des voies alternatives, par mer et air.

Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi le port chypriote de Larnaca pour Gaza, empruntant un couloir mis en place par l’UE et plusieurs pays. Ce bateau de l’ONG espagnole “Open Arms” qui évolue à très petite vitesse se trouvait mercredi matin à environ 260 km de Gaza, selon le site Vessel Finder. Chypre, distante d’environ 370 km des côtes du territoire palestinien, a annoncé préparer un deuxième chargement, “bien plus grand”.

Outre le “Open Arms”, quatre bateaux de l’armée américaine ont quitté mardi les États-Unis avec une centaine de soldats et l’équipement nécessaire à la construction d’une jetée et d’un quai à Gaza pour l’acheminement de l’aide d’humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l’installation sera prête “d’ici 60 jours”, selon les autorités américaines.

Plusieurs pays arabes et occidentaux dont les États-Unis parachutent quotidiennement depuis une dizaine de jours des repas et des aides médicales sur la bande de Gaza, surtout le nord où la situation est particulièrement désespérée. Le Maroc a lui aussi envoyé 40 tonnes d’aides via l’aéroport de Tel-Aviv au point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza.

Une voie terrestre fermée par le blocus israëlien

Mais les envois par mer ou les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre, martèle l’ONU. Le chef de la diplomatie européenne rappelle que ces alternatives terrestres et aériennes sont des substituts à une voie terrestre fermée par Israël. Par ailleurs, le fait d’affamer la population est utilisé comme une arme de guerre, a déploré Josep Borrell.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 27 personnes sont mortes de malnutrition et de déshydratation, en majorité des enfants, dans la bande de Gaza assiégée depuis le 9 octobre par Israël qui y imposait déjà un blocus total depuis la prise de contrôle en 2007 de ce territoire par le Hamas.

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L’armée israélienne a elle annoncé un projet pilote qui a permis mardi l’entrée de six camions d’aide du Programme alimentaire mondial (PAM) directement dans le nord de la bande de Gaza. Le PAM estime qu’il faut 300 camions d’aide alimentaire par jour pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d’habitants dont la grande majorité est menacée de famine d’après l’ONU.

Depuis le début de la guerre, l’aide entre dans Gaza via deux terminaux à la frontière sud d’Israël, venant d’Égypte qui garde sa frontière fermée avec le territoire palestinien.

Malgré des médiations, pas de cessez-le-feu en vue

En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est déterminé à poursuivre son offensive contre le Hamas. “Israël remportera cette guerre quoi qu’il en coûte. Et pour gagner cette guerre, Israël doit détruire les derniers bataillons du Hamas à Rafah”, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité des déplacés par la guerre, a dit Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre a juré “anéantir” le Hamas après l’attaque du 7 octobre. Au moins 1160 personnes ont été tuées dans cette attaque, la plupart des civils, selon un décompte établi par l’AFP à partir de sources officielles israéliennes et quelque 250 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza. 130 otages s’y trouvent encore dont 32 déclarés morts par Israël.

Le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) Philippe Lazzarini a dénoncé “une guerre contre les enfants”, en affirmant que plus d’enfants ont été tués dans la bande de Gaza en quatre mois de guerre qu’en quatre ans de conflits à travers le monde.

Face à l’intransigeance des protagonistes, les pays médiateurs — États-Unis, Qatar, Égypte — n’arrivent pas à arracher un accord de trêve accompagné de libérations d’otages israéliens. “Nous ne sommes pas près d’un accord”, a reconnu le Qatar.

(avec AFP)