Les enfants qui commencent à mourir de faim (…) cela devrait être une alarme pas comme les autres”, a déclaré mardi Jens Laerke, porte-parole du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fait état de scènes “sinistres” d’enfants affamés après avoir apporté de l’aide à deux hôpitaux du nord le week-end dernier pour la première fois depuis octobre.
Les médecins de l’hôpital Kamal Adwan, le seul hôpital pédiatrique du nord de Gaza, ont déclaré à l’équipe qu’“au moins 10 enfants étaient morts de faim”, a dit Ahmed Dahir, qui dirigeait la mission, lors d’un point de presse à Genève par liaison vidéo depuis le territoire palestinien ravagé par la guerre.
Depuis, le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a rapporté que le nombre de décès d’enfants à l’hôpital dus à la malnutrition et à la déshydratation était passé à 15, et que six nourrissons souffrant de malnutrition aiguë couraient un risque grave.
“Si ce n’est pas le cas maintenant, quand est-il temps (…) d’inonder Gaza avec l’aide dont elle a besoin ? C’est ce que nous devons voir se produire”, a souligné Laerke.
Des avions cargo américains ont largué mardi plus de 36.000 repas dans le nord de Gaza, dans le cadre d’une opération conjointe avec la Jordanie, a déclaré l’armée américaine.
L’ONU a averti que la famine dans la bande de Gaza était “presque inévitable” en raison de la guerre qui fait rage dans le territoire palestinien depuis que les militants du Hamas ont mené leurs attaques sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023.
Cette attaque a entraîné la mort d’environ 1160 personnes en Israël, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres israéliens. Les militants palestiniens ont également pris des otages, dont 130 restent à Gaza.
Les bombardements de représailles et l’offensive terrestre d’Israël ont tué plus de 30.600 personnes, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du territoire, dirigé par le Hamas.
Selon une évaluation de l’ONU réalisée en janvier, plus de 15 % des enfants de moins de deux ans dans le nord de Gaza, soit un sur six, souffrent de malnutrition aiguë et 3 % d’une émaciation grave mettant leur vie en danger.
Dans le sud de Gaza, 5 % des enfants âgés de moins de deux ans souffrent de malnutrition aiguë, selon cette évaluation, l’OMS avertissant que la situation s’était probablement aggravée ces dernières semaines.
Les critères permettant de déclarer la situation à Gaza comme une famine ne sont pas encore remplis, mais la situation reste désastreuse, la malnutrition sévère étant une cause sous-jacente importante de décès.
Le fait que la malnutrition elle-même soit désormais également répertoriée comme la cause directe de décès d’enfants est donc “alarmant”, a noté James Elder, porte-parole de l’agence des Nations unies pour l’enfance, l’Unicef.