Les 85 empreintes de pieds humains, vieilles d’environ 100.000 ans, ont été découvertes sur une plage rocheuse à Larache sur le littoral Nord-Ouest du Maroc. Les empreintes, celles d’Homo sapiens, ont été laissées par un minimum de 5 individus entre enfants, adolescents et adultes. Ces empreintes sont principalement orientées vers la mer et donnent une image de ce que pourrait être vraisemblablement la recherche de ressources marines par ces Homo sapiens qui habitaient ou longeaient la côte larachoise il y a environ 100.00 ans, fait savoir la même source
Cette découverte a eu lieu au cours d’une mission de mesures sur le terrain en juillet 2022 dans le cadre d’un projet de recherche scientifique sur l’origine et la dynamique des blocs rocheux (boulders) qui jonchent le littoral sud de la ville de Larache dans le nord-ouest du Maroc.
L’équipe internationale de scientifiques marocains, français et espagnols, dirigée par Mouncef Sedrati (enseignant-chercheur et directeur du laboratoire Geo-Ocean à l’Université Bretagne Sud à Vannes, en France) fait une découverte à quelques centaines de mètres au nord de leur site d’étude sur le littoral rocheux de Larache : 85 empreintes de pieds humains, composées à la fois de pistes et d’empreintes de pieds isolées, réparties sur une surface rocheuse d’environ 2800 m2 dépourvue d’autre matériel archéologique ou paléoanthropologique, ajoute Geo-Ocean.
« Ces empreintes furent laissées sur le flanc marin d’une barre sableuse qui composait la partie haute de la plage il y a environ 100.000 ans. Ensuite, elles furent conservées rapidement grâce à un recouvrement par des sédiments fins lors d’une phase de faible conditions de houle conjuguée à une période de faible marnage de la marée » précise Mouncef Sedrati.
Des mesures approfondies sur le terrain des empreintes découvertes ont été réalisées en juillet 2022. Elles comportaient des levées par DGPS des positions des empreintes ainsi que par drone de la surface rocheuse. Des séries d’une dizaines de photos de haute résolution et des mesures altimétriques des distances et des profondeurs des empreintes, explique le communiqué.
« L’ensemble de ces mesures a permis la réalisation de modèles 3D de la surface des empreintes ainsi que des empreintes les mieux préservées » précisent les professeurs Juan Antonio Morales (Université de Huelva, Espagne) et Abdelmounim El Mrini (Université Abdelmalek Essaadi, Maroc). En plus, un échantillon de sédiment a été prélevé au niveau de la zone des empreintes afin de réaliser une datation OSL (datation par luminescence stimulée optiquement) pour déterminer l’âge de la surface des empreintes.
Les images et les mesures des empreintes ont fait ensuite l’objet d’une analyse morphométrique minutieuse. « L’analyse morphométrique des empreintes de pieds a permis d’estimer que ces empreintes ont été réalisées par des individus appartenant aux différentes classes d’âge, de l’enfant à l’adulte, avec une forte variation de taille (121-189 cm) » indiquent Jérémy Duveau (Université Tübingen, Allemagne ) et Ignacio Diaz Martinez (Université de Cantabria, Espagne).
« L’Afrique du Nord et le Maroc en particulier a livré les premières occurrences d’Homo sapiens notamment avec les fossiles de Jbel Irhoud. La découverte des empreintes de Larache constitue une preuve supplémentaire de l’importance de l’Afrique du Nord, et de la région marocaine en particulier, dans l’évolution des hominines » précise Anass Sedrati (site archéologique de Lixus-Larache, Université Abdelmalek Essaadi).
« Le site des empreintes de Larache est daté de 90.300 ans, avec une marge de certitude de plus ou moins 7600 ans, et représente l’un des sites de traces du Pléistocène supérieur les plus grands et les mieux préservés au monde, et le seul site documenté en Afrique du Nord et dans le sud de la Méditerranée. La distribution des empreintes par rapport à la ligne de rivage fournit un instantané des mouvements d’Homo sapiens multigénérationnels (enfants, adolescents et adultes) sur ce site » indique Mouncef Sedrati.
Il précise également : « Il faut préserver ce site patrimonial remarquable même s’il est menacé par l’élévation du niveau de la mer et les tempêtes. A court terme, d’autres empreintes seront découvertes au fur et à mesure de l’érosion des sédiments. Il serait ainsi intéressant de suivre cette érosion et mettre à jour de nouvelles traces complémentaires qui permettraient de donner plus de précisions sur le groupe des Homo sapiens qui longeaient ou résidaient sur cette côte larachoise ».