Israël doit accepter une solution à deux États pour garantir sa sécurité, ont souligné lundi des ministres des Affaires étrangères de l’UE, notamment l’Allemande Annalena Baerbock, avant de rencontrer séparément à Bruxelles leurs homologues israélien et palestinien.
Sur le terrain dans la matinée, des témoins ont fait part à l’AFP de tirs d’artillerie nourris, progression de chars israéliens et d’affrontements violents, près de l’université d’al-Aqsa et de l’hôpital Nasser à Khan Younès.
Selon le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a accusé l’armée israélienne d’avoir visé cinq structures abritant 30.000 déplacés, des “dizaines de personnes” ont été tuées dans le secteur depuis la nuit.
L’armée israélienne a elle annoncé avoir pris le contrôle de postes de commandement du Hamas à Khan Younès.
Entrée dans son 108e jour, la guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent lancée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre en échange de prisonniers palestiniens. Selon le même décompte, 132 otages sont toujours dans le territoire, dont 28 seraient morts.
Israël a juré “d’anéantir” le Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007. Ses opérations militaires y ont fait 25.295 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Dans la cour de l’hôpital Nasser de Khan Younès, où se cachent des responsables du Hamas, selon Israël, des Gazaouis ont mis en terre des corps dans une fosse commune lundi, selon l’AFPTV.
“Ils ont lâché des bombes au gaz sur nous, provoquant l’étouffement de nombreuses personnes”, décrit Saadia Abou Taima. Elle a conduit sa petite-fille suffocante à l’hôpital dans la nuit, mais les médecins n’ont pas pu la sauver, dit-elle.
En fin de matinée, la route vers Rafah, plus au sud, a été prise d’assaut par des familles fuyant la ville par tous les moyens, leurs biens entassés à la va-vite.
Livrant sa “version des faits” sur le 7 octobre dans une opération inédite de communication, le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, a reconnu dimanche des “erreurs” ayant provoqué la mort de civils, et exigé “l’arrêt immédiat de l’agression israélienne” à Gaza.
Selon le Wall Street Journal, le renseignement américain estime que jusque là, Israël a tué “environ 20 % à 30 %” des combattants de ce mouvement, bien loin de son objectif.
D’après ce quotidien, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, déjà médiateurs d’une trêve en novembre, tentent de négocier la libération des otages en échange d’un retrait israélien de Gaza.
Des proches des otages, mobilisés pour leur retour, ont interrompu lundi une réunion au Parlement israélien. Dans la nuit, familles et sympathisants avaient manifesté près de la résidence officielle du Premier ministre israélien pour réclamer un accord sur leur libération, alors que la contestation du gouvernement s’intensifie en Israël.
Mais M. Netanyahu a “catégoriquement” rejeté dimanche les “conditions” du Hamas, et reste sourd aux appels internationaux qui se multiplient pour une trêve humanitaire et un règlement à deux États pour l’après-guerre.
“Quelles sont les autres solutions”, s’est interrogé à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, “faire partir tous les Palestiniens ? Les tuer ?”.
À Tel-Aviv, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu s’est entretenu avec son homologue israélien, Yoav Gallant, avant un rendez-vous avec Netanyahu.
Dans la bande de Gaza assiégée, où au moins 1,7 des 2,4 millions d’habitants ont dû fuir leur foyer, beaucoup se massant dans le sud, la situation humanitaire et sanitaire est catastrophique selon l’ONU.
Le conflit exacerbe aussi les tensions entre Israël et les alliés du Hamas réunis par l’Iran au sein d’un “axe de la résistance”, notamment le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites Houthis.
À la frontière israélo-libanaise, où le mouvement islamiste libanais a ouvert un deuxième front contre Israël, des frappes israéliennes ont touché lundi plusieurs villages, selon l’Agence nationale de presse libanaise (NNA).
Le Hezbollah a affirmé avoir visé dans la nuit des troupes israéliennes préparant selon lui un “assaut en territoire libanais”.