L’idée d’une liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar remonte à 1869, lorsque le Conseil des travaux publics, qui faisait partie du ministère espagnol des Travaux publics, avait présenté un premier rapport sur le projet. De nombreuses études et idées avaient vu le jour, mais n’avaient pas abouti en raison de la complexité technique et des défis logistiques.
À partir de 1979, suite à la création de deux sociétés publiques de recherche, la SNED (Société nationale d’études du détroit) au Maroc, et la SECEGSA (Sociedad española de estudios para la comunicación fija a través del estrecho de Gibraltar) en Espagne, l’idée de construire une liaison fixe à travers le détroit de Gibraltar a pris un nouvel élan. En 1990, il a été conclu que les alternatives les plus viables se réduisaient à deux : le pont suspendu et le tunnel foré.
Ce n’est qu’en 1995 qu’il a finalement été décidé que la construction d’un tunnel ferroviaire creusé sous le fond marin était la meilleure option. Afin d’obtenir davantage d’informations sur le terrain, trois travaux expérimentaux ont été entrepris au cours de la première moitié de la décennie : le puits de Bolonia et la galerie de Tarifa en Espagne, et le complexe de puits et de galeries de Malabata au Maroc.
Depuis, de multiples campagnes océanographiques ont été menées, y compris des sondages profonds utilisant les techniques les plus sophistiquées. Selon la documentation présentée par SECEGSA, le projet prévoit la construction, dans une première phase, d’un tunnel ferroviaire à voie unique, relié à une galerie de service de plus petit diamètre.
En fonction de la demande, les projets prévoyaient également la construction d’un deuxième tunnel ferroviaire dans une deuxième phase, les deux tunnels étant exploités dans une seule direction. La longueur totale du tunnel est de 38,7 km, dont 27,7 km sous l’eau, atteignant une profondeur maximale de 475 mètres.
Le projet prévoit un service de transport de passagers et de marchandises entre les deux terminaux situés à Tanger (Maroc) et Punta Paloma (Espagne) à une distance de 42 kilomètres l’un de l’autre. Ce transport sera assuré par des trains-navettes pour les véhicules accompagnés (voitures et autobus) et par des trains-navettes pour les camions. Les trains conventionnels de passagers et de marchandises pourront également circuler dans le tunnel.
Cependant, près de trois décennies après être parvenu à un consensus sur la faisabilité d’un tunnel ferroviaire dans les fonds marins, le projet reste un défi monumental. Malgré les progrès réalisés dans la collecte de données océanographiques et les expériences préliminaires, la réalisation du projet se heurte toujours à d’importants obstacles économiques, politiques et techniques.
En juin dernier, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a tenu une rencontre avec la ministre espagnole des Transports, de la Mobilité et de l’Agenda urbain, Raquel Sánchez Jiménez, axée sur l’examen du développement des relations bilatérales dans les domaines de l’équipement et des transports.
Cette rencontre a été l’occasion de souligner les avancées réalisées dans le projet de liaison fixe du détroit de Gibraltar, avec la réactivation du comité mixte et la signature de l’accord de coopération bilatérale qui va lier l’Europe à l’Afrique.