Dessalement de l’eau de mer : l’énergie nucléaire russe débarque au Maroc

Lors du deuxième sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg le mois dernier, la société marocaine Water and Energy Solutions a signé un protocole d’accord avec Rusatom Smart Utilities, une filiale du géant russe de l’énergie nucléaire civile Rosatom. À travers ce protocole, le Maroc envisage une coopération dans le domaine du dessalement de l’eau de mer.

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Mohammed Amine Cherkaoui, CEO de Water and Energy Solutions, au dernier Sommet Russie-Afrique. Crédit: DR

L’accord vise à développer des usines de dessalement de l’eau de mer au Maroc en utilisant la technologie de Rosatom afin de fournir de l’eau pour l’agriculture, l’industrie et la consommation humaine.

Le processus de désalinisation est très énergivore et ses coûts élevés en énergie empêchent actuellement son utilisation généralisée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Mais avec cet accord, la désalinisation nucléaire à faible coût alimentée par l’uranium marocain pourrait constituer une partie importante de la solution pour fournir de l’eau à l’heure où les rapports indiquent une progression du stress hydrique au sein du royaume, où 88 % de l’eau sont consommés par l’industrie agricole.

Par ailleurs, Water and Energy Solutions vise précisément des unités de désalinisation mobiles alimentées par des micro-réacteurs mobiles.

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Selon un article du Middle East Institute, ce rapprochement entre le Maroc et la Russie n’est pas intervenu par hasard. Moscou sait très bien que le Maroc détient environ 73 % des réserves mondiales de roche phosphatée, et environ 6,9 millions de tonnes d’uranium, soit la plus grande réserve disponible dans un pays.

En effet, un regain d’intérêt est visible sur le marché quant à la récupération de l’uranium à partir de l’acide phosphorique. Un procédé bien connu de l’OCP, puisque le groupe avait produit environ 690 tonnes d’uranium à partir de la roche phosphatée entre 1975 et 1999.

Formalisé en marge du deuxième sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, le protocole d’accord fait progresser la réalisation d’un protocole de coopération de 2017, signé par le ministère marocain de l’Énergie avec Rosatom dans le cadre de “l’engagement économique lent et prudent de Rabat envers le Kremlin après la visite historique du roi Mohammed VI à Moscou en 2016”.

Le Middle East Institute indique que l’accord pourrait créer “un précédent si l’énergie nucléaire est incluse dans le portefeuille de solutions à mettre en œuvre dans le cadre de la stratégie nationale de l’eau du Maroc de 40 milliards de dollars pour la période 2020-2050”.

Ce partenariat permet aussi à Moscou de détenir les clefs d’une porte d’entrée sur les pays de la zone MENA et ceux de l’Afrique subsaharienne, en leur fournissant des solutions de désalinisation nucléaire.