Après avoir provoqué la colère des transporteurs routiers intercontinentaux, qui ont connu maintes difficultés à obtenir des visas pour les chauffeurs de leurs camions, la crise des visas se manifeste aujourd’hui sous une autre forme : les cadres et exportateurs marocains n’arrivent pas à obtenir un rendez-vous pour déposer leur demande de visa.
Comme c’était le cas il y a quelques mois, de nombreux intermédiaires peu scrupuleux, ayant flairé une opportunité de business dans le deal de rendez-vous de visas, scrutent jour et nuit les plateformes où il est possible d’obtenir des rendez-vous, qu’ils revendent ensuite à prix d’or.
Face à cette incapacité à obtenir des rendez-vous de façon légitime, nombre d’exportateurs marocains se retrouvent bloqués et indirectement empêchés de participer aux foires et salons européens, où se joue une bonne partie de leurs affaires.
Certains d’entre eux ont d’ailleurs fait part de leur désarroi au média spécialisé dans l’actualité agricole, Fresh Plaza.
“Cette année, nous ne pouvons pas participer à Fruit Attraction à Madrid en raison de l’externalisation chaotique des services consulaires. Obtenir un rendez-vous pour demander un visa est de l’ordre de l’impossible, ou disons que c’est aussi possible qu’un treizième des travaux d’Hercule. Nous avons tout simplement renoncé à participer à l’événement, ce qui est très pénalisant étant donné que l’essentiel de notre activité se fait avec des clients européens”, a déclaré au média un exportateur basé au nord du pays.
“Pour la première fois depuis que j’ai démarré mon activité, je vais manquer la participation à Fruit Attraction, et c’est le cas de beaucoup d’autres exportateurs dont les visas ont expiré. Les exposants bénéficient de procédures spéciales par l’intermédiaire des organisateurs ou des chambres de commerce, mais ce n’est pas le cas pour tous les visiteurs de l’exposition”, témoigne un autre.
Bien que ces salons représentent de vraies opportunités d’échanges, de réseautage et de conclusion de deals, cet exportateur a refusé de se plier au jeu des intermédiaires. Dans ce sens, ce dernier fait savoir qu’il a “choisi de ne pas céder au chantage d’intermédiaires illégaux et de ne pas solliciter des interventions qui ne devraient pas être nécessaires pour un service aussi élémentaire”.
“Si nous pouvons facilement remplacer nos destinations touristiques habituelles en Europe, il n’est pas acceptable que nous manquions d’importants événements de réseautage et de prospection tels que Fruit Attraction à Madrid ou Fruit Logistica à Berlin”, deux événements “incontournables pour les professionnels de l’agroalimentaire”, a-t-il poursuivi, avant de conclure : “il faut des mois pour faire ce qui ne prenait que quelques jours. Et pourtant, le Maroc est l’un des premiers partenaires de l’Union européenne en termes d’exportations agricoles”.
À l’heure où le Maroc multiplie les signatures d’accords agricoles avec ses voisins européens, comme cela a été le cas lors de la dernière édition du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM), les ralentissements liés à la crise des visas pourraient représenter un réel frein au développement des exportations du pays.