Que ce soit de l’avis de ses rivaux ou des observateurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran semble bien lancé dans sa quête de devenir une puissance nucléaire. Face à cette éventualité, l’Arabie saoudite, autre puissance régionale, ne compte pas baisser la garde.
Dans ce sens, Riyad, via Saudi Arabia Military Industries (SAMI), une société d’État, a signé un accord avec la société de défense turque Baykar pour localiser la fabrication de ses drones au sein du royaume.
Selon SAMI, “le nouveau pacte de drones soutiendra les défenses de l’Arabie saoudite et renforcera les capacités de fabrication militaire du royaume, conformément à l’initiative Vision 2030”, plan de développement du royaume saoudien impulsé par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS).
SAMI est une entreprise de défense lancée en mai 2017 par le Fonds d’investissement public d’Arabie saoudite.
Les drones Baykar, populaires par leur efficacité sur le champ de bataille, ont été déployés dans des conflits de l’Ukraine à la Libye. Le Maroc aussi avait passé commande, en 2021 auprès du fleuron de l’armement turc, de dizaine de ces engins. La clef du succès de ce drone : une abordabilité pécuniaire, un soutien technologique substantiel de Baykar ainsi que les capacités offensives des armes.
C’est lors de la visite en Arabie saoudite du président turc Recep Tayyip Erdogan en juillet que le royaume a pris l’initiative de signer ce qui a été qualifié de “plus gros contrat de défense de l’histoire de la Turquie”.
Interrogé sur l’importance de l’accord de fabrication de drones pour les deux parties, le colonel Rich Outzen, membre non-résident du conseil de l’Atlantique en Turquie, a déclaré à Al-Monitor, site d’information en ligne basé à Washington : “Pour les Turcs, cela signifie une plus grande portée de leur produit phare de l’industrie de défense (UCAVs), des devises fortes et un autre lien géopolitique avec un investisseur et une puissance régionale importants”.
“Pour l’Arabie saoudite, cela signifie une protection contre les caprices occidentaux en matière de ventes d’armes, une avancée potentielle dans la base technologique de la défense nationale et de meilleurs drones que l’Iran ne peut déployer. Si l’on conçoit la sécurité régionale en termes d’accords de coopération avec peu d’interventions extra-régionales pour dissuader les acteurs potentiels perturbateurs (l’Iran), il s’agit d’un accord avec de nombreux avantages”, a-t-il ajouté.