Ravi d’annoncer que j’ai engagé une nouvelle directrice générale pour X/Twitter. Elle commencera dans environ 6 semaines !”, a tweeté le milliardaire, qui a racheté l’entreprise fin octobre et l’a rebaptisée “X Corp” le mois dernier. “Je vais devenir président exécutif du conseil d’administration et directeur de la technologie, pour superviser les produits, les logiciels et les opérations”, a-t-il ajouté.
Excited to announce that I’ve hired a new CEO for X/Twitter. She will be starting in ~6 weeks!
My role will transition to being exec chair & CTO, overseeing product, software & sysops.
— Elon Musk (@elonmusk) May 11, 2023
Le patron de Tesla et SpaceX avait fait un sondage en décembre pour demander aux utilisateurs de Twitter s’il devait ou non quitter la direction de la plateforme. Quelque 17 millions d’entre eux s’étaient prononcés, dont 57 % favorables à son départ.
Après quelques tergiversations — à travers lesquelles il avait insinué que ce résultat était le fruit d’une armée de comptes automatisés — Elon Musk avait fini par tweeter qu’il prévoyait de céder la place dès qu’il aurait “trouvé quelqu’un d’assez fou” pour lui succéder.
Son annonce de jeudi a suscité des commentaires enthousiastes de ses nombreux fans, et aussi fait grimper de plus de 2 % l’action de Tesla à Wall Street, car le temps passé par le dirigeant aux nombreuses casquettes chez Twitter inquiète le marché.
L’entrepreneur a transformé le groupe californien. Le jour du rachat, il a immédiatement congédié l’ancien patron Parag Agrawal, l’ancienne directrice juridique Vijaya Gadde et l’ancien directeur financier Ned Segal. Il a ensuite abruptement remercié la moitié du personnel, et continué à licencier des employés par dizaines, des ingénieurs qui l’avaient critiqué à Esther Crawford, l’architecte d’un nouvel abonnement et rare soutien public du tempétueux patron.
Le groupe sorti de la cote en Bourse compte désormais environ 2000 employés au lieu de 7500, selon des estimations.
Le réseau social a aussi beaucoup changé. Elon Musk a laissé revenir de nombreuses personnalités controversées, qui avaient été bannies pour avoir enfreint les règles de modération des contenus. De plus, les coches bleues qui garantissaient l’authenticité et la crédibilité des comptes qui les avaient obtenues après vérification sont désormais accessibles à tous, moyennant un abonnement payant à Twitter Blue.
Plusieurs organisations de presse occidentales, comme la BBC ou la radio nationale américaine NPR, ont fustigé l’étiquette de “média financé par le gouvernement” qui leur avaient un temps été accolée. Mais ces changements chaotiques, ainsi que les diverses provocations d’Elon Musk ont fait fuir de nombreux annonceurs, dont dépend le modèle économique de la plateforme.
Un modèle mis à mal par l’absence d’annonceurs
Twitter est parti pour gagner moins de 3 milliards de dollars en 2023, contre 4,14 milliards en 2022, soit 28 % de moins, d’après Insider Intelligence. “Un nouveau dirigeant, c’est la seule façon pour l’entreprise d’avancer”, a réagi jeudi Jasmine Enberg, une analyste de ce cabinet d’études. Elle estime que si Elon Musk prend du recul, la société a une chance de “regagner la confiance des annonceurs”, a-t-elle affirmé, avant d’ajouter qu’“il est difficile d’imaginer quelqu’un qui soit plus controversé ou cause plus de torts à l’activité publicitaire que Musk”.
Fin mars, le multimilliardaire a estimé la valeur de Twitter à 20 milliards de dollars, contre 44 milliards au moment de l’acquisition, selon un document interne consulté par plusieurs médias américains. Mais “il semble que nous allons arriver à l’équilibre au deuxième trimestre” 2023, a-t-il tweeté.
Son usine Tesla de Fremont est poursuivie en justice par l’État de la Californie qui l’accuse de discrimination raciale. En décembre 2021, six femmes ont déposé plainte contre ce même site, accusant le groupe automobile d’avoir toléré du harcèlement sexuel (grivoiseries et contacts physiques non sollicités).
Grand amateur de blagues de mauvais goût, Elon Musk a fait repeindre en blanc le “w” de l’enseigne “Twitter” des bureaux à San Francisco, pour qu’elle se lise “Titter”, qui signifie “gloussement”.
L’AFP n’a pas sollicité de réaction de la part du réseau social qui répond automatiquement aux courriels de la presse par un émoticône en forme d’étron.