La forêt, qui couvre 13% de la superficie totale du territoire national et abrite 7 millions d’habitants (soit 50% de la population rurale en situation sociale précaire), subit une forte détérioration de son couvert estimée à 17.000 ha/an, a déploré M. Chami qui intervenait lors d’un atelier de restitution sur une autosaisine sur le thème « écosystèmes forestiers du Maroc : risques, défis et opportunités ».
Cette détérioration du couvert forestier est due principalement aux effets des changements climatiques, à un prélèvement excessif des ressources forestières (3 millions de tonnes par an en bois de feu) et à la surexploiation fourragère (2 à 3 fois supérieure aux capacités des écosystèmes forestiers), a-t-il expliqué, ajoutant que seulement 20 à 30% du rendement potentiel de la forêt productive est atteint.
Rappelant, dans ce sens, le grand effort de réhabilitation et de restauration consentis par les pouvoirs publics, notamment la mise en place de la stratégie « Forêts du Maroc 2020-2030 » qui vise la restauration des écosystèmes forestiers et la promotion de ces ressources selon une approche durable, M. Chami a fait savoir que le Conseil a proposé une série de recommandations qui se fondent sur trois piliers majeurs à savoir la garantie d’une vie décente pour les populations vivant dans la forêt, l’encouragement d’investissements durables et la préservation de ce capital forestier.
Partant du diagnostic, le CESE a préconisé l’élaboration d’une vision concertée et partagée, entre les différentes parties concernées en impliquant les populations locales, en vue de transformer le domaine forestier en un espace plus résilient, de mobiliser des investissements à caractère durable et de promouvoir des filières porteuses (plantes aromatiques et médicinales) et de créer des alternatives économiques locales pour réduire la dépendance de ces populations vivant des écosystèmes forestiers, a-t-il indiqué.
Le Conseil a également appelé, selon M. Chami, à l’instauration d’un code forestier qui définit les droits et obligations de toutes les parties prenantes et facilite la mise à jour des textes en vigueur, à l’augmentation progressive de la superficie des aires protégées de 3,76% à 30% d’ici 2050 et à l’intensification des opérations de reboisement et de régénération naturelle via des campagnes nationales de plantation par les collectivités territoriales dans le cadre de leurs prérogatives, la société civile et par le secteur privé.
Il s’agit également de la mobilisation des fonds existants (fonds vert climat, fonds d’adaptation au changement climatique, fonds de la biodiversité, etc.) et la promotion des investissements durables et des incitations fiscales aux entreprises impliquées dans le reboisement, ainsi que la mise en place d’un système de paiement pour les services écosystémiques (PSE) en adéquation avec le volume d’exploitation des ressources forestières et son impact sur leur durabilité, afin de faire face aux pratiques de surpâturage et de surexploitation des ressources arbres et des plantes à des fins diverses.
Le président du CESE a, en outre, appelé à la mise en place d’un système d’information intégré et territorialisé et à l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le suivi de plantation, de surveillance et de lutte contre les feux de forêts, en s’appuyant sur l’expertise du secteur privé et le partenariat ainsi qu’une certification forestière, outre le développement de l’écotourisme dans les aires protégées, en prenant en compte leurs spécificités culturelles, territoriales et écologiques.
Cet avis a été élaboré selon une approche participative avec tous les acteurs concernés, tout en prenant en considération les résultats de la consultation lancée à travers la plateforme de participation citoyenne « Ouchariko » sur cette autosaine relative aux écosystèmes forestiers.
(avec MAP)