Banque : les marchés partiellement rassurés après le rachat de Credit Suisse par UBS

Les mesures d’urgence du week-end pour apaiser les craintes sur Credit Suisse et la tension sur le système bancaire permettent aux Bourses européennes de remonter lundi, mais la pression persiste sur les banques.

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Après une semaine noire sur le secteur bancaire qui a plombé l’ensemble des marchés, les indices européens se redressaient à Paris de +0,95 %, Londres de +0,47 %, Milan de +0,73 %, Francfort de +0,75 % vers 11h25 GMT.

Le secteur financier souffre encore : les banques européennes reculent de 1,57 % dans l’indice européen Eurostoxx 600, avec notamment -4,29 % pour BNP Paribas, -5,13 % pour ING et -2,34 % pour Deutsche Bank.

L’action de Credit Suisse s’effondrait près de 60 %, et valait moins que l’offre de rachat de son rival UBS, qui perdait par ailleurs aussi 3,5 % vers 10h55 GMT.

Les investisseurs ont encore du mal à évaluer la situation des valeurs financières” et restent suspendus à la réunion de la Réserve fédérale américaine mardi et mercredi, commente Pierre Veyret, analyste chez ActivTrades.

Signe de la fébrilité persistante, les investisseurs se rabattent sur toutes les valeurs considérées comme refuge, notamment l’or et le marché de la dette souveraine.

À Wall Street, les contrats à terme laissaient entrevoir une ouverture prudente, avec un gain de 0,13 % attendu pour l’indice S&P 500 comme pour l’indice Nasdaq à forte coloration technologique et un Dow Jones proche de l’équilibre.

À l’issue d’intenses tractations ce week-end, le premier groupe bancaire suisse UBS a consenti dimanche à racheter pour une bouchée de pain son rival en difficulté Credit Suisse, avec d’importantes garanties du gouvernement de Berne et de liquidités de la BNS, la banque centrale du pays.

Le montant du rachat de Credit Suisse, qui traversait une intense phase de turbulences depuis le début de la semaine dernière, s’élève à 3 milliards de francs suisses (3,02 milliards d’euros) pour une banque qui en valait près du triple vendredi à la clôture de la Bourse.

Pour calmer le stress bancaire, les déclarations officielles ont fusé : “Le secteur bancaire européen est résilient, avec de solides niveaux de capitaux et de liquidités”, a indiqué lundi la Banque centrale européenne dans un communiqué commun avec le Mécanisme européen de résolution bancaire (SRB) et l’Autorité bancaire européenne (EBA).

Le superviseur bancaire allemand Bafin a répété que le système financier national est “stable et robuste”.

Dimanche, les banques centrales américaine (Fed), européenne, de Suisse, d’Angleterre, du Canada, du Japon ont annoncé mener une action coordonnée pour améliorer l’accès aux liquidités, une mesure exceptionnelle pour rétablir la confiance dans le système financier, ébranlé depuis dix jours par la faillite de l’établissement américain Silicon Valley Bank (SVB).

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Mais “plus les décideurs politiques agissent, plus les investisseurs s’attendent à de mauvaises nouvelles, ce qui crée une boucle de réaction horriblement négative, comme si les investisseurs se demandaient : que savent-ils que nous ne savons pas ?”, estime Stephen Innes de SPI Asset Management.

Sur le marché obligataire, les rendements à court terme continuaient de baisser fortement, signalant que les investisseurs estiment que la Fed ne relèvera pas ses taux mercredi lors de sa prochaine réunion.

Si elle continue de monter les taux, elle renforce sa crédibilité anti-inflationniste, mais risque de renforcer les tensions financières”, souligne Xavier Chapard chez LBPAM.

Propulsé par les inquiétudes qui s’aggravent sur le secteur bancaire, le prix de l’or a dépassé lundi le seuil symbolique de 2000 dollars l’once dans la matinée. Vers 10h30 GMT, le métal jaune s’effritait de 0,16 % à 1985 dollars.

L’euro grappillait 0,14 % par rapport au dollar, à 1,0685 pour un dollar.

Sur le marché du pétrole, le baril de WTI américain dérapait de 2,73 % à 64,92 dollars vers 10h30 GMT et le baril de Brent de la mer du Nord cédait 2,45 % à 71,21 dollars.

Le gaz naturel européen a glissé sous la barre des 40 euros le mégawattheure (MWh) lundi, un plus bas depuis juillet 2021, freiné par une météo clémente et des niveaux de stockage élevés.

(avec AFP)