Inde : les actions du groupe Adani plongent de 15% après des accusations de fraude

Les actions du conglomérat indien de l’homme le plus riche d’Asie, Gautam Adani, ont chuté de 15 %, vendredi 27 janvier, ce qui a entraîné une suspension de leur cotation, quelques jours après des accusations de fraude faites par une société d’investissement américaine.

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Gautam Adani, lors du Congrès mondial des comptables à Mumbai, le 19 novembre 2022. Crédit: INDRANIL MUKHERJEE / AFP

Le titre d’Adani Enterprises est tombé à 508,45 roupies (6,23 dollars) à la bourse de Bombay dans l’après-midi, provoquant une suspension de sa cotation pendant 105 minutes. La cotation de l’action de la filiale Adani Total Gas a aussi été suspendue, après que le titre a chuté de 20 %.

“Il est évident qu’il s’agit de ventes dans la panique”, a estimé auprès de l’AFP Ashish Chaturmohta de JM Financials, ajoutant que les traders créaient de nouvelles positions de vente à découvert pour protéger des paris haussiers préalables sur les actions d’Adani.

Hindenburg Research a allégué cette semaine que le groupe Adani avait eu recours à des transactions non divulguées entre parties liées et à la manipulation des bénéfices pour “maintenir l’apparence de bonne santé financière et de solvabilité” de ses filiales cotées en bourse.

De la 3e à la 7e place des plus riches du monde

En deux jours, le milliardaire Gautam Shantilal Adani, considéré comme un proche soutien du Premier ministre Narendra Modi, est passé de la troisième place du classement des hommes les plus riches au monde à la septième place, selon le classement Forbes des plus grandes fortunes enregistrant une perte de 19 milliards de dollars.

L’empire Adani possède des activités allant des mines de charbon en Australie aux plus grands ports de l’Inde, et la capitalisation de ses sept sociétés cotées dépasse les 218 milliards de dollars.

Les actions de ces filiales ont grimpé de 2000 % au cours des trois dernières années, ajoutant plus de 100 milliards de dollars au patrimoine net de son fondateur, dont la fortune tournerait aujourd’hui autour de 120 milliards de dollars.

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Le rapport d’Hindenburg accuse le groupe de s’être livré à une “manipulation audacieuse des actions et à un système de fraude comptable sur plusieurs décennies”. Il affirme que Vinod, le frère aîné d’Adani, a géré un “vaste labyrinthe d’entités fictives offshore” dans des paradis fiscaux tels que l’île Maurice, Chypre et plusieurs îles des Caraïbes.

Le rapport indique également qu’un modèle d’“indulgence du gouvernement à l’égard du groupe” s’étendant sur des décennies a fait que les investisseurs, les journalistes, les citoyens et les politiciens n’ont pas voulu remettre en question la conduite du groupe “par crainte de représailles”.

Des accusations rejetées par le conglomérat indien, qui se préparait à une importante levée de fonds et a dénoncé jeudi une attaque de réputation “malicieusement malveillante” de la part de Hindenburg.

Jatin Jalundhwala, responsable des affaires judiciaires du groupe Adani, a déclaré dans un communiqué que la position de vente à découvert de Hindenburg au sein du groupe était la preuve que la société avait un intérêt direct à faire baisser les actions d’Adani.

 Fanfaronnades et menaces”

Mais selon Hindenburg, le groupe se contente de “fanfaronnades et menaces” plutôt que de se confronter aux problèmes soulevés par le rapport. “Si Adani est sérieux, il devrait également déposer une plainte aux États-Unis”, a déclaré la société américaine dans un communiqué. “Nous avons une longue liste de documents que nous exigerons” lors du processus judiciaire.

Ces allégations interviennent alors qu’Adani a lancé une ambitieuse opération d’augmentation de capital, à hauteur de 2,5 milliards de dollars.

“Ces questions touchent au cœur du secteur des entreprises indiennes, où dominent un certain nombre de conglomérats contrôlés par des familles”, a fait valoir Gary Dugan, directeur général du Global CIO Office, à Bloomberg. “Par leur nature même, ils sont opaques, et les investisseurs mondiaux” doivent se fier à la bonne foi des entreprises, selon lui.

L’indice de référence Sensex de la bourse de Bombay perdait 1,8 % vendredi après-midi, principalement en raison de la déroute d’Adani.