A quel genre d’opposition vous attendez-vous ?
Cela va être un match très difficile pour nous, contre l’une des meilleures équipes du monde sur le plan footballistique, avec beaucoup d’ambition, un des favoris pour la victoire finale. Mais on a des choses à faire valoir, on s’est bien préparé, on a un jour de récupération en plus…
On espère créer la surprise, car, en étant honnête, si on élimine l’Espagne ce sera une belle surprise. Ils ont l’ADN des grandes compétitions, qu’on n’a pas. Nous, ça fait 36 ans qu’on n’a pas joué un 1/8 de finale (défaite 1-0 contre la RFA en 1986). Pour l’instant, il n’y a pas eu de surprise (en 1/8, ndlr), les grandes nations sont là.
Est-ce une revanche du match de poule en 2018 (2-2, avec une égalisation espagnole dans le temps additionnel) ?
Revanche, non. On est là en compétition, on ne regarde pas ce qui s’est passé avant, ce négatif, c’est l’ancien Maroc. Quand on rentre dans ce mode revanche, ça ne fonctionne pas très bien.
Quel est le style de votre adversaire ?
On connaît l’école de foot espagnole, on a des joueurs qui jouent en Espagne, un pays cher aux Marocains, on aime le foot espagnol. Ce que j’aime, c’est la culture foot de ce pays. Ça fait 15-20 ans que cette équipe joue de la même manière, avec une possession haute, “tiki-taka”, avec toujours des joueurs de talent en milieu de terrain.
“Mon travail avec le staff est d’équilibrer les émotions, qu’ils sentent que c’est un match pour l’histoire, mais qu’ils n’aient pas trop de pression”
Ils veulent le ballon, ils ne le laissent pas à l’adversaire, et leur comportement ne change jamais sur un terrain. Si tu leur changes le maillot, tu sauras quand même que c’est l’Espagne qui joue. J’aime beaucoup cette culture. Maintenant, chaque pays a son modèle de jeu, sa culture, nous aussi on a des qualités pour poser des problèmes à cette équipe.
Quels sont les atouts du Maroc pour contrer l’Espagne ?
L’Espagne est une des meilleures équipes du monde, ils savent ce qu’ils proposent et sont patients, avec une possession qui fait mal à l’adversaire, mais qui fait mal aussi au public, parfois : Laporte, pour Rodri, pour Busquets, encore Laporte, puis “tac-tac-tac”… Ils ont 70 % de possession de balle en moyenne, même en ayant affronté l’Allemagne ou la France. La possession, ils vont l’avoir, il faut qu’on l’accepte.
On a laissé le ballon à la Croatie (0-0) et à la Belgique (victoire 2-0). Mais le Japon a gagné (contre l’Espagne, 2-1) avec 17 % de possession, et a gagné avec 20 % de possession contre l’Allemagne (2-1). L’Arabie Saoudite a battu l’Argentine (2-1) avec 20 % de possession. Dans le foot moderne, des gens veulent le ballon, certains ne le veulent pas, il faut savoir quoi en faire. J’espère que l’Espagne ne saura pas quoi faire du ballon. En tout cas on a confiance en nous.
Est-ce le match le plus important de l’histoire du foot marocain ?
J’espère que dans le futur il y en aura un plus important, ça voudra dire qu’on est en quart de finale… Je l’ai dit aux joueurs : (les 1/8 de finalistes de) 1986, ils ne peuvent plus rejouer le match, ils ne peuvent plus aller en quarts. Nous, il nous reste 24 heures, on peut le faire. Mon travail avec le staff est d’équilibrer les émotions, qu’ils sentent que c’est un match pour l’histoire, mais qu’ils n’aient pas trop de pression. Voilà la formule : pas de complexe, pas de regret, et jouer au football.
Propos recueillis par l’AFP en conférence de presse.