Never waste a crisis” (il ne faut jamais rater une crise, ndlr). Cette expression semble être la devise du ministre de l’Industrie ce mercredi 2 novembre devant les participants du forum MEDays de Tanger.
Pour Ryad Mezzour, “le monde vit actuellement une série de crises, mais derrière chacune existent de multiples opportunités”. Il explique qu’il s’agit même de la stratégie de développement adoptée par le Maroc depuis 2005 et qui repose notamment sur l’identification et la saisie des opportunités et potentiels du pays.
“À l’époque, la Chine était l’usine du monde, mais nous avions aussi des opportunités à saisir dans certains marchés et secteurs, à savoir le textile ou encore la possibilité d’exporter, aux Européens, des véhicules d’entrée de gamme à des prix compétitifs”, détaille-t-il.
Actuellement, le monde fait face à trois crises distinctes, analyse le ministre. Il s’agit d’abord de la crise climatique, qui est “de plus en plus prégnante, notamment au Maroc qui connaît une rareté des ressources hydriques”. La deuxième est celle liée à la pandémie : “Il s’agit d’une post-crise qui a révélé les faiblesses de plusieurs pays, dont des puissances industrielles”, poursuit Mezzour. Pour ce responsable, la guerre en Ukraine n’est pas une crise en elle-même. “La troisième crise est celle de la stagflation, dont la guerre en Ukraine n’a été que le catalyseur”, considère-t-il.
Souveraineté 2.0
Que faut-il en tirer ? “Cela nous ouvre énormément d’opportunités, en fonction de notre positionnement. Le monde connaît un redimensionnement géopolitique, c’est-à-dire qu’il y a une redistribution des cartes, ou ce qu’on appelle le ‘nearshoring’ voire le ‘friendshoring’. Cela signifie que les États commencent à s’approvisionner auprès de pays proches et amis”, répond le même responsable.
Selon Mezzour, il est temps de mettre en place, entre pays amis, des stratégies pour pouvoir répondre à tous ou la plupart des besoins. “En effectuant cela, nous pourrons assurer notre souveraineté 2.0”, a-t-il déclaré, expliquant que “les souverainetés étaient nationales et sont devenues alimentaires, industrielles et sanitaires”.
La crise ukrainienne en a été le principal révélateur, dit-il, ajoutant : “Comme par hasard, les Russes sont devenus les principaux producteurs d’énergie, d’alimentation. On dirait qu’on ne produit rien ailleurs.”
“Face à cette situation, notre rôle (le Maroc, ndlr) est de nous positionner de manière opportuniste pour en saisir et arracher le maximum”, résume-t-il.
Pour ce faire, a-t-on besoin de faire appel aux compétences marocaines de l’étranger ? “Bien sûr, la richesse c’est les talents. Plus notre pays est attractif pour les talents, tout d’abord les nôtres qui sont à l’étranger, plus il est en capacité de créer plus de richesse et de valeur”, conclut Mezzour.