La justice française rejette la requête en révision de l’ex-jardinier marocain Omar Raddad

Épilogue dans la saga judiciaire Omar Raddad ? Vingt-huit ans après sa condamnation pour un meurtre dont il s’est toujours dit innocent, l’ancien jardinier marocain a essuyé un nouveau revers, avec le rejet d’une deuxième requête en révision de son procès.

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Omar Raddad, et son avocate Sylvie Noachovitch à Paris, le 25 novembre 2021. Crédit: Alain Jocard / AFP

Ce dossier criminel est l’un des des plus célèbres et controversés de France. La requête en révision “est déclarée irrecevable”, a annoncé à l’AFP le conseil de la famille de Ghislaine Marchal, une information confirmée de source judiciaire.

Après avoir pris connaissance de la décision, rendue à huis clos par la commission d’instruction de la Cour de révision, l’avocate d’Omar Raddad s’est dite “scandalisée”. “Je ne lâcherai jamais Omar Raddad”, a affirmé son avocate, Me Sylvie Noachovitch devant la presse, annonçant qu’elle “(saisirait) la Cour européenne des droits de l’Homme”. “Ma détermination est intacte”, a-t-elle encore lancé, avant d’informer par téléphone son client de cette “mauvaise nouvelle”.

L’ex-jardinier marocain avait été condamné en 1994 à dix-huit ans de réclusion criminelle, puis gracié partiellement en 1996, mais pas innocenté. Il a été libéré en 1998 après avoir purgé plus de sept ans de prison. Après un premier rejet de sa requête en révision il y a vingt ans, il en avait déposé une nouvelle le 24 juin 2021, trente ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal, riche veuve d’un équipementier automobile.

Elle avait été retrouvée morte à 65 ans dans la chaufferie de sa propriété à Mougins, sur la Côte d’Azur.

Deux inscriptions accusatoires en lettres de sang — “Omar m’a tuer” et “Omar m’a t” — avaient été découvertes sur deux portes, tracées avec le sang de la victime. Avec une faute de conjugaison devenue symbole de cette affaire.

Quatre traces d’ADN masculin non identifié

La défense d’Omar Raddad fondait ses espoirs sur les progrès scientifiques en matière d’ADN et une loi qui assouplit les critères permettant d’obtenir la révision d’un procès. En décembre, l’ex-jardinier avait obtenu de la commission d’instruction que soient diligentées des investigations complémentaires. Ce supplément d’information visait à déterminer la portée des conclusions d’un expert en génétique sollicité par Me Noachovitch, concernant quatre ADN masculins non identifiés retrouvés en 2015 sur des scellés de la scène de crime et qui ne correspondent pas au profil génétique de l’ex-jardinier.

Dans des notes de 2019 et 2020, l’expert révélait l’importance d’un des quatre ADN inconnus, présent en de nombreux endroits et notamment sur l’inscription “Omar m’a t”, seul ou mélangé avec le sang de la victime. L’expert favorisait l’hypothèse d’un dépôt de l’ADN lors des faits et non d’une “pollution” ultérieure, notamment par les enquêteurs.

En d’autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l’auteur de l’inscription, qui ne serait alors pas Ghislaine Marchal, mais potentiellement le véritable meurtrier, estimait la défense d’Omar Raddad. L’avocate de l’ancien jardinier avait par ailleurs présenté en mai de nouveaux éléments, issus d’une “enquête secrète” de la gendarmerie entre 2002 et 2004, après les confidences d’une informatrice sur un possible mobile crapuleux.

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Me Noachovitch demandait notamment la désignation d’un laboratoire spécialisé dans la recherche en parentèle pour déterminer à qui appartiennent les ADN inconnus retrouvés sur les inscriptions accusatoires. Dans sa décision, la commission d’instruction a estimé que “la découverte de nouvelles empreintes ne suffit pas, à elle seule, à établir leur rapport avec les faits, ces traces ayant pu être laissées antérieurement ou postérieurement au meurtre”.

Sans possibilité de dater le dépôt de ces traces génétiques, leur lien direct avec le crime ne peut être établi. La commission d’instruction a considéré de même pour les éléments issus de l’enquête de gendarmerie.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, la famille de Ghislaine Marchal a dit “(prendre) acte” de la décision de rejet, dont elle “souhaite” qu’elle “mette un terme définitif à une affaire douloureusement vécue par elle”.