Lors d’une nouvelle audience à huis clos dans l’une des affaires criminelles les plus célèbres de France, la défense de l’ex-jardinier a présenté “des éléments nouveaux” à la commission d’instruction de la Cour de révision, a déclaré l’avocate d’Omar Raddad, Me Sylvie Noachovitch.
Elle a également sollicité la désignation d’un laboratoire spécialisé en génétique ainsi que les auditions de gendarmes qui ont, selon l’avocate, mené une “enquête secrète” dans cette affaire.
“L’avocat général m’a suivie sur ma demande d’expertise génétique”, a affirmé devant la presse Me Noachovitch, avec Omar Raddad à son côté. “Nous devons atteindre sereinement” le 13 octobre, “nous avons tous les espoirs qu’une décision soit favorable”, a poursuivi l’avocate.
La commission d’instruction peut soit ordonner de nouvelles expertises, soit rejeter la requête, soit la transmettre directement à la Cour de révision, laquelle aura le dernier mot sur l’organisation d’un nouveau procès, un événement rarissime en France.
Omar ne l’a pas “tuer” ?
Omar Raddad avait été condamné en 1994 à 18 ans de réclusion pour le meurtre de Ghislaine Marchal. Cette riche veuve d’un équipementier automobile avait été retrouvée le 23 juin 1991 baignant dans son sang, dans la cave de sa propriété de Mougins, sur la riviera française.
Incriminé par l’inscription “Omar m’a tuer”, emblématique de cette affaire, l’ancien jardinier a toujours clamé son innocence. Il avait bénéficié d’une grâce partielle en 1996, qui n’annule pas sa condamnation.
Saisie d’une requête en révision depuis un an, la commission d’instruction de la Cour de révision avait ordonné le 16 décembre un complément d’information.
Elle souhaitait notamment analyser les conclusions d’un expert en génétique qui a étudié quatre empreintes ADN trouvées sur deux portes et un chevron de la scène de crime, et qui ne correspondent pas au profil génétique de l’ex-jardinier. C’est sur ces deux portes qu’avaient été écrites les inscriptions “Omar m’a tuer” et “Omar m’a t”, avec le sang de la victime.
Dans des notes de 2019 et 2020, l’expert en génétique avait relevé la présence de 35 traces d’un ADN masculin inconnu sur l’inscription “Omar m’a t” et a conclu en faveur de l’hypothèse d’un dépôt de ces empreintes au moment des faits et non d’une “pollution” ultérieure, notamment par les enquêteurs.
Une première requête en révision déposée par Omar Raddad avait été rejetée en 2002.