Les transferts forcés “constituent une violation grave des lois de la guerre équivalant à un crime de guerre et à un crime potentiel contre l’humanité”, a déclaré l’ONG dans un rapport rendu public ce jeudi 1er septembre.
L’organisation a interrogé 54 personnes qui sont allées en Russie ou connaissaient des personnes qui l’ont fait. Certains d’entre eux aidaient également des Ukrainiens qui tentaient de quitter la Russie.
De nombreuses personnes transférées de force fuyaient la ville de Marioupol, un port dans le sud-est de l’Ukraine qui a subi un siège dévastateur et de violents bombardements avant d’être saisi par les troupes russes. D’autres venaient de la région de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine.
“Bien sûr, nous aurions saisi l’opportunité d’aller en Ukraine si nous avions pu”, a déclaré à HRW une femme transférée de Marioupol. “Mais nous n’avions pas le choix, aucune possibilité d’aller” dans les territoires contrôlés par Kiev, a-t-elle dit.
“Les civils ukrainiens ne devraient pas n’avoir d’autre choix que d’aller en Russie”, a déclaré Belkis Wille, un chercheur de Human Rights Watch et co-auteur du rapport.
En cours de route, beaucoup de ces civils ont été soumis à une forme de contrôle de sécurité obligatoire appelée “filtration” et qui comprenait la collecte de données biométriques et d’empreintes digitales, des fouilles corporelles et celles de leurs affaires personnelles, selon le rapport.
“Personne ne devrait être contraint de se soumettre à un processus de dépistage abusif pour atteindre la sécurité”, a fait valoir Belkis Wille.
Un habitant de Marioupol a indiqué à HRW avoir été interpellé par les troupes russes avant d’être placé pendant deux semaines avec des dizaines d’autres résidents de cette ville dans une école dans des conditions insalubres avant de pouvoir passer la “filtration”. “Nous nous sentions comme des otages”, a-t-il dit à HRW.
La “filtration” qui cible les citoyens ukrainiens est “punitive et abusive”, n’a “aucun fondement juridique” et constitue une “violation manifeste du droit à la vie privée”, a estimé HRW.
L’ONG a envoyé ses conclusions et un résumé des questions aux autorités russes le 5 juillet, mais n’a reçu aucune réponse.