Le rapport sera publié d’ici la fin de la journée », a indiqué Jeremy Laurence, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, parlant du rapport sur les violations des droits de l’homme dans la région chinoise Xinjiang.
Michelle Bachelet, dont c’est le dernier jour à la tête du Haut-Commissariat, tient ainsi sa promesse de publier ce document très attendu avant son départ.
« Mieux vaut tard que jamais »
« Mieux vaut tard que jamais. Ce sera un moment décisif », a déclaré à l’AFP Sophie Richardson, la directrice de l’ONG Human Rights Watch pour la Chine, estimant que cela va montrer « qu’aucun Etat n’est au-dessus des lois ».
Plus que le contenu c’est l’existence et la publication qui est importante, à ses yeux, parce que cela va obliger le Conseil des droits de l’homme à se saisir du dossier. « Ne pas poursuivre n’est pas une option », a-t-elle souligné.
En revanche, la Chine n’a cessé de répéter tout le mal qu’elle pensait du document.A l’ONU à New York, l’ambassadeur chinois Zhang Jun, a réaffirmé mercredi « être fermement opposé au rapport ».
« Le soi-disant problème du Xinjiang est un mensonge totalement fabriqué et politiquement motivé », qui freine le développement de la Chine, a-t-il dit, accusant Mme Bachelet de « se mêler des affaires intérieures chinoises » et de mettre en péril la coopération entre l’ONU et ses pays membres.
Le gouvernement américain accuse Pékin de « génocide »
Le contenu du rapport est un secret bien gardé dont rien n’a fuité pour le moment et dont le contenu, les termes choisis, vont être décortiqués.
Le gouvernement américain accuse Pékin de « génocide » au Xinjiang. En janvier, l’Assemblée nationale française, emboîtant le pas à la représentation du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou encore du Canada, avait elle aussi qualifié de « génocide » le traitement des Ouïghours par la Chine.
Le Xinjiang et d’autres provinces de Chine ont été frappés pendant plusieurs décennies, et notamment de 2009 à 2014, par des attentats attribués à des islamistes ou des séparatistes ouïghours.
La chine dément les accusations
Depuis plusieurs années, la région fait ainsi l’objet d’une intense surveillance : caméras omniprésentes, portiques de sécurité dans les bâtiments, forces armées très visibles dans les rues, restrictions à la délivrance des passeports… Des études occidentales, fondées sur des interprétations de documents officiels, des témoignages de victimes présumées et des extrapolations statistiques, accusent Pékin d’avoir interné dans des « camps » au moins un million de personnes, majoritairement ouïghoures, d’effectuer des stérilisations et avortements « forcés » ou encore d’imposer du « travail forcé ».
La Chine dément ces accusations. Elle réfute toute idée de « stérilisation forcée » mais concède appliquer au Xinjiang, comme partout ailleurs dans le pays, sa politique de limitation des naissances, pendant longtemps mise en œuvre avec laxisme dans la région.
Pékin présente en outre les « camps » comme des « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les habitants de l’extrémisme religieux et qui seraient désormais fermés car tous les « étudiants » auraient « achevé leur formation ».
Faire face aux pressions
La semaine dernière lors de sa conférence de presse d’adieu, Mme Bachelet avait reconnu devoir faire face à d’intense pressions aussi bien des pays favorables à la publication du rapport – dont les Etats-Unis – que de ceux qui y sont opposés et en premier lieu les autorités chinoises.
Mardi, lors d’une cérémonie du Conseil des droits de l’homme pour marquer la fin du mandat de l’ancienne présidente du Chili, l’ambassadrice britannique pour les droits de l’homme Rita French et des organisations de défense des droits de l’homme se sont alarmés que le rapport ne soit pas encore sorti.
« Il est essentiel pour nous tous qu’aucun Etat ne soit exempté d’un examen minutieux et objectif de son bilan en matière de droits de l’homme, et qu’aucun Etat ne soit autorisé à étouffer la voix indépendante de la Haute-Commissaire », avait déclaré Mme French.
(avec AFP)