Rien ne filtrait samedi matin sur l’évolution de l’état de santé du célèbre écrivain britannique naturalisé américain, 75 ans, soigné en urgence et sous assistance respiratoire dans un hôpital d’Erié, en Pennsylvanie, au bord du lac du même nom qui sépare les États-Unis du Canada.
L’attaque a provoqué une onde de choc à travers le monde, la Maison Blanche condamnant “un acte de violence consternant”. “Rien ne justifie une fatwa, une condamnation à mort”, s’est indigné quant à lui Charlie Hebdo, journal satirique français décimé par un attentat islamiste en 2015.
L’agresseur, aussitôt arrêté et placé en détention, s’appelle Hadi Matar, a 24 ans et vit dans l’État du New Jersey, selon la police. Selon Ali Qassem Tahfa, le chef du village de Yaroun, dans le sud du Liban, Hadi Matar “est d’origine libanaise”. “Il est né et a grandi aux États-Unis. Sa mère et son père sont de Yaroun”, a déclaré à l’AFP M. Tahfa.
La fatwa iranienne à l’origine du crime ?
En Iran, samedi, le principal quotidien ultraconservateur Kayhan a félicité l’agresseur. “Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie”, écrit le journal. “Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l’ennemi de Dieu avec un couteau.”
Au marché aux livres de Téhéran, tout le monde est au courant de l’attaque, mais seuls ceux la soutenant s’expriment : “J’étais très heureux d’apprendre la nouvelle. Quel que soit l’auteur (de l’attaque), je lui baise la main (…) Que Dieu maudisse Salman Rushdie”, assure Mehrab Bigdeli, qui se présente comme un religieux chiite.
L’agression a eu lieu vendredi vers 11 h (15 h GMT) sur l’estrade de l’amphithéâtre du centre culturel de Chautauqua, lorsqu’un homme s’est “précipité sur la scène” et a “poignardé” Rushdie plusieurs fois “au cou” “à l’abdomen”, selon la police de l’Etat de New York.
“Les nouvelles ne sont pas bonnes”, avait déclaré vendredi soir au New York Times l’agent de Rushdie, Andrew Wylie, après qu’il eut été poignardé au cou et à l’abdomen lors d’une conférence littéraire dans la ville voisine de Chautauqua, dans l’État de New York.
“Salman va probablement perdre un œil ; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie”, avait détaillé Wylie en précisant que son client avait été placé sous respirateur artificiel.
L’animateur de la conférence où M. Rushdie devait s’exprimer, Ralph Henry Reese, 73 ans, a, lui, été “blessé légèrement au visage”, mais est sorti de l’hôpital. Carl LeVan, professeur de sciences politiques, était dans la salle, et a raconté au téléphone à l’AFP qu’un homme s’était jeté sur la scène où Rushdie était assis pour le poignarder violemment à plusieurs reprises, “essayant de le tuer”.
Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d’intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde islamique avec la publication des Versets sataniques, conduisant l’ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre en 1989 une fatwa demandant son assassinat.
L’auteur d’une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais écrits en anglais avait été contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache.