Dans une analyse publiée par le média économique français La Tribune, intitulée “Ce que signifie la trajectoire du Maroc pour la France et pour l’Europe”, le président de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), Abdelmalek Alaoui, affirme que “le Maroc est en train de changer de dimension et ambitionne d’asseoir son statut de ‘nouvelle puissance africaine’, ce qui aura un impact multidimensionnel sur les relations nord-sud, à condition qu’une ‘communauté de destins’ puisse voir le jour entre les deux rives”.
Un horizon stratégique royal
Revenant avant toute chose sur le discours du trône du roi Mohammed VI, Abdelmalek Alaoui relève que le choix de la thématique de l’égalité femmes-hommes coïncide avec la flambée des prix et la polémique des hashtags, ce qui renseigne, selon lui, sur les singularités du royaume, et la volonté royale d’“étirer l’agenda”, de “dessiner un horizon stratégique plus large que les contingences de l’instant”.
Dans son analyse des relations du royaume avec l’Europe et la France, le président de l’IMIS a mis en exergue la gestion marocaine de la crise Covid, le confinement strict, la large campagne de vaccination, les projets de généralisation de la protection sociale pour tous les Marocains, la refonte du système de santé ou encore la mise en place de l’usine panafricaine de production de vaccins en périphérie de Casablanca, qui ont permis au Maroc de réaliser des taux de létalité parmi les plus faibles au monde et de redémarrer sa machine économique plus rapidement que des nations à niveau de développement similaire. Et de souligner que le Maroc a réussi, dans ce contexte, à “afficher de meilleurs indicateurs budgétaires que la plupart des économies émergentes”.
Nouvelle centralité du Maroc
“Cette capacité à répondre aux urgences du moment tout en s’inscrivant dans les chantiers d’avenir est une qualité qui devrait inciter les pays du Vieux continent à miser davantage sur le royaume. D’autant plus que ce dernier joue un rôle essentiel dans les questions de sécurité, d’immigration, et de coexistence culturelle et religieuse en prônant l’Islam du milieu”, ajoute le président de l’IMIS.
“Ceci constitue un marqueur important du changement de dimension du Maroc et de sa future centralité dans les relations avec l’Europe et la France”, souligne Abdelmalek Alaoui, rappelant également la déclaration du Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borell : “Le Maroc a franchi des étapes importantes de modernisation et a fait du rapprochement avec l’Europe un choix stratégique.”
Et d’inviter “Bruxelles et Paris à prendre la mesure du changement de statut (du Maroc) et œuvrer pour la mise en place d’une alliance rénovée avec ce pays qui pourrait devenir le pivot dans les relations entre le Nord et le Sud”.