200 millions de données volées. Le 1er juin, alors qu’il s’apprêtait à quitter le Maroc pour la Belgique après un séjour de trois mois, le jeune étudiant de la commune d’Épinal, au nord-est de la France, a été interpellé par la police de l’aéroport de la capitale, sur la base d’une notice rouge d’Interpol émise par un procureur de l’État de Washington, aux États-Unis. Depuis, Sébastien Raoult est détenu dans la prison de Tiflet 2.
Cet ancien étudiant en informatique à l’école Epitech de Nancy (métropole à 75 km au nord-ouest de sa ville natale) est dans la ligne de mire du bureau fédéral américain d’investigations (FBI) depuis plusieurs mois, apprend-on du magazine français L’Obs.
“Cybercriminels prolifiques”
ShinyHunters, c’est le nom du groupe de hackers auquel Sébastien Raoult est accusé d’appartenir. S’inspirant du nom de l’univers des Pokémons, les membres de ce groupe fondé en 2020 sont considérés comme des “cybercriminels prolifiques”, selon le FBI.
Au printemps 2020, ces jeunes hackers ont fait couler beaucoup d’encre lorsqu’ils ont proposé à la vente, sur le “deep web”, près de 200 millions de données piratées des systèmes informatiques de nombreuses entreprises internationales. Parmi les victimes présumées : Microsoft et le géant du e-commerce indonésien Tokopedia.
Ils auraient également demandé des rançons à leurs cibles, comme le cas d’une compagnie indienne à laquelle ils auraient réclamé la somme de 1,2 million de dollars en bitcoin en contrepartie de la restitution de ses données, rapporte le magazine français.
Usurpation d’identité ?
Selon le père du mis en cause, Paul Raoult, son fils est innocent et victime “d’usurpation de son identité par des personnes malintentionnées”, a-t-il écrit dans un post sur Facebook.
Pour lui, la France l’aurait laissé seul face à son destin. “Il est aujourd’hui dans une prison marocaine, en vue d’une extradition vers les États-Unis… Les autorités françaises, chargées de protéger leurs ressortissants, n’ont encore pas bougé !”, a-t-il écrit sur son profil Facebook.
Il affirme ensuite au magazine français : “Bien sûr, il fait figure d’oiseau rare dans cette prison, les détenus étaient principalement là pour des affaires de vol ou de drogue. Mais il va bien, il a un mental d’acier, même s’il se sent un peu abandonné par la France.”
La première audience d’extradition de cet étudiant s’est tenue dernièrement, mais sans aborder le fond de l’affaire. Aux États-Unis, qui réclament son extradition, les infractions dont est accusé Sébastien sont passibles d’une peine de 116 ans de prison ferme, ce que redoutent sa famille et son avocat.
En cas de transfert aux États-Unis, le jeune Raoult serait donc poursuivi pour “complot en vue de commettre une fraude et abus électronique”, “fraude électronique” et “vol d’identité grave”.
Se référant aux adresses IP, le FBI suppose que ces crimes auraient été commis depuis la France et le Maroc. Les enquêteurs américains disent également disposer de discussions du jeune Français sur des plateformes dans lesquelles il évoquerait lesdits piratages, rapporte L’Obs.
En France, en cas de condamnation, Sébastien Raoult risque au maximum cinq ans de prison. Ainsi, son avocat Me Philippe Ohayon s’apprête à réclamer l’extradition du jeune homme vers son pays natal, lieu d’exécution des faits présumés.
Le président français Emmanuel Macron et son ministre de la Justice ont été informés de la situation de cet étudiant toujours détenu au Maroc, conclut le média français. Le parquet de Paris ne s’est toujours pas exprimé sur cette affaire.