Cette plainte du Maroc contre Ignacio Cembrero a été jugée recevable par un tribunal madrilène, a indiqué à l’AFP un porte-parole des autorités judiciaires régionales.
Dans sa plainte, que l’AFP a pu consulter, le Maroc exige que ce spécialiste des relations entre l’Espagne et le Maroc, travaillant pour le média en ligne El Confidencial, soit condamné par la justice à revenir sur ses accusations et à rembourser aux autorités marocaines leurs frais de justice.
“Le Royaume du Maroc n’est pas responsable de l’espionnage d’Ignacio Cembrero ou d’un autre citoyen” et “ne possède pas le programme Pegasus”, affirme l’avocat du royaume.
“Un procès politique”
“Le Royaume du Maroc me traîne en justice en Espagne” et “exige que je me rétracte de l’avoir accusé d’espionner avec Pegasus (…) C’est un procès politique pour restreindre la liberté d’expression”, a dénoncé Ignacio Cembrero sur son compte Twitter.
Pour la 4ème, le Royaume du #Maroc me traîne en justice en #Espagne. Il exige que je me rétracte de l’avoir accusé d’espionner avec #Pegasus et demande une indemnisation. C’est un procès politique pour restreindre la #liberté d’expression du journaliste. https://t.co/rPryT61WkU
— Ignacio Cembrero (@icembrero) July 3, 2022
Une vaste enquête menée par un consortium de médias internationaux, sur la base de données obtenues par l’organisation Forbidden Stories et par Amnesty International, avait révélé à l’été 2021 que Pegasus, conçu par l’entreprise israélienne NSO, aurait permis d’espionner les numéros d’au moins 180 journalistes et de centaines de politiciens, militants des droits humains ou chefs d’entreprise.
Le Maroc faisait partie des pays ayant eu recours à ce logiciel espion, selon cette enquête, ce que Rabat a toujours nié catégoriquement.
Selon Forbidden Stories, le portable de Cembrero faisait partie des téléphones sélectionnés “pour être ciblé” par Pegasus, logiciel permettant d’activer à distance les caméras et micros d’un smartphone.
En France, le Maroc avait poursuivi en diffamation des ONG et des médias, comme Le Monde ou Mediapart, mais ses plaintes ont été jugées en mars irrecevables par la justice.
En Espagne, le scandale Pegasus a pris une tournure inattendue lorsque le gouvernement a annoncé en mai que les portables du Premier ministre Pedro Sánchez et de plusieurs ministres avaient été espionnés l’an dernier via Pegasus. Le gouvernement assure qu’il s’agit d’une “attaque externe”, mais affirme ne pas savoir qui peut en être à l’origine.
Plusieurs médias espagnols ont évoqué pour leur part une possible implication du Maroc alors qu’une grave crise diplomatique, qui a pris fin mi-mars, opposait les deux pays au moment des faits.